Passer aux renouvelables
Une pompe à chaleur géothermique pour chauffer ses locaux
Un bureau d’études en hydrogéologie a fait installer une pompe à chaleur géothermique sur sondes pour chauffer et rafraîchir ses nouveaux locaux. Un exemple à suivre.
Hydrogéologues, Hélène Galia et son mari, Marc Galia, dirigent chacun leur propre bureau d’études, spécialisés tous deux dans la recherche, la valorisation et la préservation des eaux souterraines. Une expertise qu’ils apportent aussi dans le domaine de la géothermie. Quand ils décident de déménager en 2021 dans un bâtiment à rénover près de l’église de Monts (Indre-et-Loire), ils se tournent vers la géothermie sur sondes. « C’est un démonstrateur pour nos clients, pour leur montrer que c’est possible même dans un lieu contraint. De plus nous chauffons déjà notre maison avec de la géothermie sur nappe », raconte Hélène Galia. Le bâtiment comportait une habitation chauffée au gaz et un vieil atelier non chauffé. L’atelier et une partie du logement ont été reconfigurés pour créer un bureau, un local à archives et un vaste open space avec un coin cuisine sur un total de 100 m2. Ils ont été isolés par l’intérieur (sur les murs, sous les rampants, par le plafond). Pour chauffer cette surface l’hiver et la rafraîchir l’été, deux sondes de 70 m de profondeur sont reliées à une pompe à chaleur installée dans un local technique où se trouve aussi un ballon tampon. De l’eau en circuit fermé descend se réchauffer en hiver (ou se rafraîchir en été) à 70 m sous terre, où la température est d’environ 13-14 °C. La pompe à chaleur transfère ces calories via le ballon tampon au système de distribution de chauffage et rafraîchissement des locaux. Elle affiche un coefficient de performance (COP) de 4,61. « Pour 1 kW d’électricité consommée, elle restitue 4, 61 kW de chaleur », explique Hélène Galia.
CO2 évité
Pour raccorder à la géothermie deux des pièces de l’ancienne habitation, les radiateurs (émetteurs) et les tuyaux ont été enlevés. En effet, ils étaient adaptés à un système haute température (gaz) alors que la géothermie fonctionne à basse température (par exemple avec un plancher chauffant, des murs chauffants, des ventiloconvecteurs). Pour l’ancien atelier, qui n’était jusque-là pas chauffé, il a fallu partir de zéro. À Monts, les nouveaux émetteurs sont des ventiloconvecteurs : équipés d’un ventilateur et d’un moteur basse consommation, ils peuvent distribuer de la chaleur comme de la fraîcheur. « Les besoins assurés par l’installation ont été évalués à 7 900 kWh par an. Si le bâtiment était chauffé au gaz naturel, les émissions de CO2 seraient de 1,85 tonne. Avec la géothermie, les émissions de CO2 prévisionnelles sont de 0,17 tonne, soit un gain de 1,68 tonne de CO2 par an », indique l’hydrogéologue. L’installation servira de démonstrateur avec un panneau explicatif sur la porte du local technique et des visites du site. De plus, « le haut de la sonde positionnée dans l’open space sera visible et les calories/frigories exploitées seront comptabilisées et affichées sur écran », précise Hélène Galia. Pendant la phase de chantier, des visites ont déjà été organisées avec l’école voisine, les élus et des bureaux d’études. De futurs convaincus ?
Le coût de l’opération
La totalité de l’opération revient à 60 000 € HT, incluant les forages (21 000 €), la pompe à chaleur (10 000 €), le système de distribution et les émetteurs. Mais elle n’a coûté que 21 000 € à la SCI Monts Puits créée par M. et Mme Galia, qui loue les bureaux aux deux bureaux d’études (Hydrogéologues Conseil et et Hygéo). La SCI a bénéficié de 65 % de subventions accordées par l’Ademe et la Région Centre-Val de Loire dans le cadre du contrat d’objectif territorial en énergies renouvelables (COT EnR) et par l’Europe (via le Fonds européen de développement régional, Feder). Le surcoût lié au choix de la géothermie à la place d’un raccordement au gaz de ville est estimé à 37 000 € HT. Le coût annuel de la solution géothermique (consommation d’électricité pour la PAC) est estimé à 458 € TTC contre 1 538 € TTC pour une solution gaz de ville (à février 2022, avant la guerre en Ukraine) soit un gain de 1 080 € par an par rapport au gaz. Mais pour évaluer correctement la rentabilité de l’investissement, il faudrait ajouter le coût d’un système de climatisation évité grâce à la géothermie, qui fournit du froid passif (geocooling) à très faible coût. Et tenir compte du fait que « les sondes seront exploitées sur une durée équivalente au bâtiment, les tubes étant garantis cinquante ans », explique Hélène Galia.