Apprendre des autres
Une plateforme pour accélérer la décarbonation des entreprises
Lancée officiellement le 10 octobre prochain, la plateforme « Je décarbone » permettra de mettre en relation des entreprises industrielles exprimant des besoins de décarbonation et des entreprises proposant des solutions. Son but est de développer localement des opportunités et des synergies.
Pour réduire les émissions nationales de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, la France doit décarboner l’ensemble de ses activités industrielles. C’est la raison pour laquelle le Comité stratégique de filière des nouveaux systèmes énergétiques (CSFNSE) a décidé de lancer la plateforme « Je Décarbone », en partenariat avec l’alliance Allice, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), des associations, et avec le soutien de l’Ademe. Celle-ci permettra, pour la première fois, de mettre en contact des entreprises demandeuses et offreuses de solutions de décarbonation. « L’idée est de créer un mouvement global, pour accélérer le déploiement de solutions accessibles et offrir la possibilité aux différents acteurs (équipementiers, intégrateurs et utilisateurs finaux) de constituer des écosystèmes territoriaux », précise Stéphane Sarrade, directeur des programmes énergie au CEA. À ce titre, la plateforme proposera un référencement des solutions de décarbonation à fort contenu local, ainsi que l’animation de communautés industrielles autour d’ateliers nationaux et régionaux.
Des solutions personnalisées
Cette approche, à la fois globale et ancrée dans les territoires, devrait rassurer les dirigeants d’entreprise qui s’interrogent sur le coût de la décarbonation, la manière de procéder et les acteurs vers lesquels se tourner. En matière de décarbonation, la réalité industrielle est en effet complexe et les solutions dites « sur étagère » sont difficilement envisageables. C’est aussi pourquoi les entreprises demandeuses seront accompagnées via des relais de la plateforme (associations spécialisées par exemple). Selon Stéphane Sarrade, il est impératif de raisonner de manière stratégique et de proposer des solutions personnalisées aux entreprises. « Si, par exemple, une PME souhaite installer des panneaux solaires, tout en bénéficiant d’une continuité de service le soir ou la nuit, cela sous-entend l’intégration d’une solution de stockage sur batterie, pour quelques heures d’autonomie, voire l’installation d’une solution hydrogène si l’entreprise a besoin de couvrir de plus longues périodes. Cela implique une dimension de diagnostic et de conseil », indique-t-il. Concrètement, les entreprises auront donc la possibilité de s’inscrire en ligne sur la plateforme, puis de décrire leurs besoins et le contexte (filière, activité, taille de la structure, etc.). Des équipes dédiées se chargeront ensuite d’évaluer le degré d’instruction de la demande (besoin d’un diagnostic, d’un accompagnement pour trouver une solution, d’un financement, etc.) afin de les mettre en relation avec les bons interlocuteurs.
Création d’écosystèmes locaux
De son côté, le CEA se charge actuellement d’identifier les acteurs de la décarbonation, à commencer par les promoteurs de R&D et les équipementiers, premiers éléments nécessaires à la conception d’une solution globale. « Cela concerne en particulier le transfert des technologies et du savoir-faire, par exemple pour les nouvelles batteries et les nouveaux panneaux solaires, avec ensuite l’intervention des intégrateurs pour mettre en œuvre les différentes briques. D’une manière générale, nous souhaitons impliquer le plus d’entreprises possible, en particulier des PME », explique Stéphane Sarrade. La plateforme entend ainsi aider à la mise en place d’écosystèmes décarbonés au sein de six régions industrielles. Une réflexion sera menée afin que l’activité de ces écosystèmes soit alimentée par une production d’énergies renouvelables, ou, à long terme, le déploiement de petits réacteurs nucléaires, si ces derniers font la preuve de leur pertinence technique et économique.
Obligatoire pour les grandes entreprises
À partir de juillet 2023, la loi climat de 2021 rend obligatoire l’installation de panneaux photovoltaïques en toiture (ou de toits végétalisés) pour les constructions de bureaux d’emprise au sol supérieure à 1 000 m². Le seuil d’obligation s’abaisse à 500 m² (contre 1 000 actuellement) pour les entrepôts, hangars, bâtiments à usage industriel ou artisanal. Les panneaux doivent recouvrir 30 % de la surface du toit.