Circuler plus vert
Rétrofiter sa camionnette, une bonne idée ?
Les entreprises peuvent rétrofiter leurs véhicules utilitaires afin de bénéficier des avantages de l’électrique. Une solution intéressante, mais qui n’est pas adaptée à toutes les situations.
Le rétrofit, consistant à remplacer le moteur et la chaîne thermique d’un véhicule conventionnel par un moteur électrique et un système de batterie, est autorisé en France depuis 2020. Cela concerne notamment les véhicules utilitaires de 3,5 tonnes, mais l’opération doit obligatoirement être réalisée par une société de rétrofit homologuée ou par un installateur habilité par cette société. Retrofleet par exemple transforme des véhicules utilitaires tels que l’Iveco Daily ainsi que des autocars et des camions. « Il faut compter entre 25 000 et 30 000 € pour rétrofiter un véhicule utilitaire. Les entreprises peuvent bénéficier d’aides publiques pouvant atteindre 9 000 € par véhicule, en fonction notamment de sa masse. Le coût reste deux à trois fois inférieur à celui des modèles neufs, commercialisés par les constructeurs traditionnels », explique Emmanuel Flahaut, président de Retrofleet.
Transition plus douce des flottes
Dans le cas d’une PME ou d’une TPE disposant de véhicules utilitaires, le rétrofit est une solution intéressante, car il permet à ceux-ci d’accéder aux ZFE (zones à faibles émissions). Dans certaines agglomérations, le stationnement des véhicules électriques est d’ailleurs gratuit. « Les retours sont également très positifs en termes d’usage, en particulier chez les utilisateurs qui n’ont pas l’habitude de rouler en électrique. Ils soulignent la conduite, plus agréable (moins de bruit, etc.), ainsi que la fiabilité des véhicules », assure Emmanuel Flahaut. Par ailleurs, le rétrofit d’un véhicule a l’avantage d’être rapide. En fonction du modèle, une transformation demande en effet d’une à deux semaines. « Cela permet de renouveler rapidement une flotte. En cas d’achat de modèles électriques neufs auprès d’un constructeur traditionnel, le délai est actuellement d’un à deux ans et la situation ne risque pas de s’améliorer. »
Quid de l’autonomie ?
En matière d’autonomie, il est techniquement possible d’atteindre 300 ou 400 km, mais le coût serait alors rédhibitoire. C’est la raison pour laquelle des acteurs tels que Retrofleet préfèrent s’adapter aux besoins. Généralement, l’autonomie nécessaire pour les camionnettes rétrofitées est de 120 à 200 km, 100 km suffisant parfois. Tout dépend également des capacités de recharge dans la journée. « Si le véhicule ne rentre jamais au dépôt, l’autonomie doit être maximisée. En cas de retours réguliers ou d’un accès à des bornes de recharge, il est possible de récupérer rapidement de l’autonomie, ce qui permet de baisser la capacité de la batterie, et donc le prix », précise Emmanuel Flahaut.
À ce titre, le rétrofit ne se prête pas à toutes les situations. « Il est par exemple limité pour la messagerie longue distance. De notre côté, nous visons en priorité les véhicules utilitaires aux cas d’usage adaptés, avec un besoin d’autonomie limité ou la possibilité d’être rechargés dans la journée. Cela représente déjà un marché considérable. »