Engager sa transition
Réduire les consommations d’énergie dans l’industrie
Près du Havre, en Normandie, CPM Industrie conçoit et fabrique ses propres machines et outillages mécaniques. L’entreprise a également réalisé des travaux de rénovation et installé des panneaux solaires, ce qui lui permet de maîtriser une bonne partie de ses factures énergétiques.
Créée en 1990, CPM Industries est une PMI familiale spécialisée dans la chaudronnerie fine. En 2008, elle s’installe sur le parc Eco Normandie, à Saint-Romain-de-Colbosc, dans un nouveau bâtiment de 2 000 m2. La zone d’implantation est un ancien territoire agricole, reconverti en zone industrielle. Pour Élise Hauters, gérante de l’entreprise, une prise de conscience intervient dès le début des travaux. « Les premiers coups de pelleteuse étaient forts symboliquement, mais je me souviens avoir vu le godet rempli de vers de terre et m’être sentie coupable. Une fois le chantier terminé, nous avons réfléchi à une solution pour essayer de compenser son impact environnemental », explique-t-elle.
La transition de l’entreprise débute ainsi avec des actions en faveur de la biodiversité : création d’une mare pour récupérer les eaux de pluie, installation de haies, mais aussi de nichoirs et d’hôtels à insectes. En outre, une prairie fleurie s’est développée derrière le bâtiment, ce qui a permis plus tard l’installation de ruches.
Low-tech, autoconsommation et sobriété
CPM Industries réalise son premier bilan carbone en 2020 avec deux ingénieurs des Mines. Ses émissions s’élèvent alors à 273 tonnes d’équivalent CO2 par an. Afin de les réduire, elle décide de s’attaquer à la surconsommation et à l’obsolescence programmée de ses équipements industriels. L’entreprise s’associe pour cela à trois ingénieurs indépendants et fonde la start-up La Belle Tech, qui industrialise des machines low-tech robustes, mais aussi facilement réparables. La Belle Tech propose aussi aux artisans locaux des fours solaires, des poêles à bois, des pyroliseurs, etc.
En 2022, CPM Industrie est lauréate de l’appel à projets Décarb’Flash de l’Ademe. Dans le cadre de travaux d’extension, elle souhaitait mettre en place une véritable stratégie de décarbonation. « Grâce à l’aide obtenue, nous avons investi dans l’isolation thermique du bâtiment principal. En outre, l’ancienne chaudière a été remplacée par une chaudière à granulés », indique Élise Hauters. L’entreprise en profite pour installer 700 m2 de panneaux photovoltaïques en autoconsommation sur la toiture de l’extension, pour une puissance de 90 kW. Le surplus sera quant à lui vendu à des acteurs privés et publics situés à proximité via un projet d’autoconsommation collective. Concernant les actions de sobriété, l’entreprise a notamment doublé les obligations réglementaires en matière d’éclairage naturel, en créant par exemple des ouvertures au niveau des plafonds. « Cette solution est très efficace pour réduire la consommation d’énergie et elle apporte beaucoup de confort. »
Répondre à la volatilité des prix de l’énergie
Outre les économies réalisées sur le chauffage (les granulés étant moins chers que le gaz) et l’éclairage, l’entreprise a pu limiter ses consommations d’électricité grâce à ses équipements low-tech. Avant l’installation des panneaux solaires début 2024, sa facture annuelle s’élevait à 40 000 €. Désormais, ceux-ci lui permettent d’être autosuffisante à hauteur de 35 %. « La facture devrait baisser de 14 000 €. Néanmoins, cette économie correspond au remboursement des panneaux solaires. Le retour sur investissement interviendra dans un peu moins de sept ans, mais si demain, le prix de l’électricité flambe, je conserverai une pleine maîtrise sur un tiers de la facture », assure Élise Hauters.