Quand les lampadaires deviennent bornes de recharge

C’est tout simple, mais encore fallait-il y penser ! Intégrer une borne de recharge pour voitures électriques dans un lampadaire public. Start-up allemande désormais filiale de Shell, Ubitricity l’a fait. Après l’Allemagne et le Royaume-Uni, le déploiement frémit en France, notamment grâce à Citelum, société de services et filiale d’EDF à 100 %, dont Ubitricity est partenaire. À l’affût de toutes les innovations technologiques, la Fédération départementale de l’énergie du Pas-de-Calais (FDE62) ne pouvait pas passer à côté de celle-là. « Nous avions identifié ce système à Londres et avons recherché une commune qui souhaitait se lancer et mettre à disposition son éclairage public de façon expérimentale », explique Frédéric Hocepied, directeur de la FDE62. Calais s’est lancé, accompagné de Citelum « qui a fait le lien avec Ubitricity et nous a aidés à lever les contraintes juridiques et techniques comme comment faire cette installation sur un réseau qui n’est pas alimenté toute la journée. » Inaugurées en février 2018, les trois bornes installées dans le cœur de la ville expérimentaient trois solutions différentes sur trois candélabres différents.

La première solution consiste à dévier deux fils qui alimentent l’éclairage pour les bornes, sans réduire la puissance de l’éclairage. La deuxième, à profiter de travaux pour passer les câbles nécessaires dans une tranchée ou un fourreau. La troisième, faire une gestion directe depuis le lampadaire plutôt que de commander l’éclairage public au niveau des armoires. « Les trois installations ont fonctionné », témoigne Frédéric Hocepied. Alors exit les classiques bornes de recharge ? « Non, cette solution est complémentaire, mais doit répondre à un besoin bien étudié en amont sur l’usage du véhicule en journée », insiste Madly Moysan, directrice de développement chez Citelum. Complémentaire et aux multiples avantages.

Un smartphone et un scan de QRCode

« Rapide à mettre en place (raccordement sur un réseau d’éclairage existant qui appartient à la commune), économique (aucune nouvelle infrastructure, économie de câbles), sûr et fiable (boîtier avec protection électronique, mesure d’énergie consommée indiscutable, dialogue avec une plateforme pour superviser le fonctionnement de la connexion), pas de gêne créée pour les personnes à mobilité réduite », énumère Laurent Meunier, responsable technique chez Citelum. En revanche, l’intégration au candélabre suppose une proximité entre la borne et la place de stationnement pour éviter de dérouler du câble sur le sol, ainsi qu’une signalisation bien visible car la prise est discrète. Quant à la puissance, elle reste à recharge lente. « Entre 3 et 7 kVA en monophasé, poursuit Laurent Meunier. Le 22 kVA nécessite du triphasé et la puissance serait trop importante dans le candélabre ». Idéale donc sur une aire de covoiturage ou une gare pour recharger la journée (3 heures pour 7 kVA et 150 km d’autonomie).

Côté pratique, rien de plus simple. Ce service payant est accessible par connexion à un smartphone en scannant un QRCode. Du côté des entreprises, les premières demandes émergent notamment du secteur hôtelier, confie Citelum. Éligible au programme Advenir jusqu’au 31 octobre dernier, on image mal une non-reconduction de l’aide pour 2022, d’autant qu’après un démarrage lent, le déploiement sollicité par le président Macron de l’objectif 100000 bornes s’accélère.