Passer aux renouvelables
Produire son électricité solaire sans investir
Salveco a choisi le tiers investissement pour produire son électricité d’origine photovoltaïque sans avoir à financer l’installation solaire.
Depuis mars 2018, l’entreprise de chimie verte Salveco produit près de 20 % de l’électricité qu’elle consomme via des panneaux photovoltaïques, sans avoir dépensé un centime pour leur installation. Basée à Saint-Dié-des-Vosges, cette PME de 35 salariés a choisi la formule du tiers investissement, proposée par ses courtiers en énergie. Le principe consiste à produire sa propre électricité d’origine renouvelable sans avoir à monter le projet ni à investir dans les équipements et la maintenance. C’est une société tiers qui s’occupe de tout. « Au début, on se demandait s’il n’y avait pas anguille sous roche ! », s’amuse rétrospectivement Sylvain Marmul, responsable Production & QHSE chez Salveco. Spécialisée dans la fabrication de détergents et de désinfectants d’origine 100 % naturelle et biodégradable, l’entreprise était déjà sensible à la transition énergétique. Pour diminuer son impact environnemental, elle a mis en place un système de géothermie chauffant l’eau du procédé industriel, remplacé les éclairages existants par des LED et signé un contrat d’électricité à partir d’énergie renouvelable. Mais l’investissement dans des panneaux photovoltaïques ne faisait pas partie des priorités de son plan d’action. La simplicité de l’offre et la perspective de ne rien avoir à prendre en charge l’ont fait changer d’avis.
Une histoire de conviction
La société Valénergies, spécialiste du tiers investissement via son service EllyBox, a été choisie pour mener à bien le projet. Le laboratoire étant classé ICPE (installation classée protection de l’environnement), les panneaux n’ont pas été installés en toiture mais au sol, pour une puissance totale de 33 kW. « Nous prêtons simplement 400 m2 de terrain et nous ne nous occupons ni de la maintenance, ni du désherbage », assure Sylvain Marmul. Comment Valénergies rentabilise-t-il ses investissements ? Salveco rachète à EllyBox l’électricité qu’elle autoconsomme sur la base du prix d’achat chez son fournisseur classique moins certains coûts de type distribution ou taxes. « Notre gain est de 400 € par an. Certes ce n’est presque rien, mais nous produisons 20 % de notre électricité de façon locale et durable. C’est davantage une histoire de conviction. Et cela entre dans notre réduction d’impact global », explique Sylvain Marmul.
Autoconsommation et autoproduction
En 2020, Salveco a doublé son chiffre d’affaires (10 millions d’euros en 2020) notamment grâce à la fabrication d’un désinfectant mains “d’origine végétale et 100 % biodégradable”. L’activité ayant augmenté, la consommation d’électricité a suivi. Or, la production photovoltaïque (30 000 kWh par an) n’a pas beaucoup évolué puisqu’elle dépend certes du soleil, mais surtout de la puissance installée (33 kW). L’installation ne comportant pas de batterie, elle ne fonctionne pas pour les équipes de nuit. Le taux d’autoproduction – c’est-à-dire le taux de la consommation électrique globale couverte par les panneaux solaires – est donc tombé sous les 20 % atteints en 2019. En revanche le taux d’autoconsommation est resté élevé. Le taux d’autoconsommation mesure le taux de la production photovoltaïque consommée sur place. « L’objectif d’une centrale solaire photovoltaïque en autoconsommation est de maximiser l’utilisation des kilowattheures produits pour éviter d’en perdre. Nous dimensionnons la puissance de la centrale sur la base de l’analyse de la courbe de consommation de l’entreprise cliente sur une année entière. Nous visons un taux d’autoconsommation qui se rapproche le plus possible de 100 %. Mais quand des entreprises ferment le week-end par exemple, cela ne permet pas d’atteindre ce 100 %. Les kilowattheures produits sont alors perdus*. Dans certains cas une alternative de stockage sur batterie peut être envisagée, mais c’est une question d’équilibre économique à trouver », explique David Raguet, président de Valénergies.
*Les kilowattheures non consommés par l’entreprise peuvent être injectés dans le réseau dans certains cas, en fonction du cadre réglementaire, à condition d’avoir fait la bonne demande au moment de la mise en place de la centrale et à des conditions tarifaires spécifiques. Sinon, les onduleurs brident tout simplement la production.