Par où commencer la rénovation énergétique de son entreprise ?

Que conseillez-vous aux entreprises qui se lancent dans des travaux de rénovation et de performance énergétique ?

C’est très important d’avoir une vision globale des actions à mener, d’une part pour pouvoir les programmer dans le temps tout en tenant compte de l’activité de l’entreprise (plan d’action) ; d’autre part, pour ne pas arriver à des aberrations énergétiques, comme installer un four à côté d’une chambre froide, ou mettre un compresseur dans une salle où il ne serait ensuite plus possible de percer un mur pour en récupérer la chaleur, dans le cas où l’entreprise chercherait à valoriser la chaleur fatale. Ensuite, la direction peut définir une équipe énergie, afin que tout ne repose pas sur une seule personne comme le responsable maintenance, qui a déjà beaucoup à faire. L’idée est d’avoir des ambassadeurs qui portent chacun des actions de performance énergétique dans leur atelier, leur unité de fabrication, une aile de bâtiment, etc. On peut aussi animer des brainstormings avec les contremaîtres, les ingénieurs, pour faire émerger les potentiels d’amélioration sur le terrain. Troisième point important : mesurer les gains générés. Cela permet de calculer le retour sur investissement de chacune des actions et c’est aussi un élément de motivation. Pour cela, il faut mettre en place les bons indicateurs, surtout quand d’autres facteurs pourraient avoir un impact sur la consommation énergétique de l’entreprise comme un surcroît d’activité, un hiver plus rigoureux, etc. Ces indicateurs peuvent être le nombre de kWh consommés rapportés à la tonne, au litre ou au m³ de produits fabriqués, ou au nombre d’heures de présence sur un site tertiaire. Il n’en faut pas trop non plus car cela peut devenir difficile à piloter. Les « ambassadeurs » vont analyser les données et « enquêter » quand les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Comment programmer les travaux pour ne pas perturber l’activité de l’entreprise ?

Si elle fait appel à un maître d’œuvre, c’est lui qui va coordonner les travaux. Pour les travaux concernant l’enveloppe des bâtiments, il convient de privilégier l’isolation par l’extérieur, qui n’affecte quasiment pas la production. Dans le cas d’une rénovation de toiture d’un site industriel, il est important de discuter avec l’ingénieur production, afin de séquencer le travail en ayant bien compris le processus industriel, pour savoir quelles machines arrêter, à quel endroit, à quel moment. Par exemple, pour un bâtiment tertiaire, on va privilégier la période des vacances d’été. On trouve toujours à s’organiser. Pour remplacer les lampes par des LED, il arrive que le prestataire vienne le week-end. C’est un peu plus cher, mais ça ne perturbe pas la production. Si certains travaux nécessitent de stopper une production, alors ils pourront être programmés à l’occasion d’un changement de machine. Si l’entreprise effectue des travaux d’agrandissement, elle peut en profiter pour rénover l’ancienne partie quand tout a été déplacé dans les nouveaux locaux. En résumé, il s’agit de choisir les moments opportuns.

Dans quel ordre engager les différentes actions ?

Les critères de décision des entreprises, ce sont le temps de retour sur investissement et la facilité de mise en œuvre. Ces actions peuvent commencer par les mesures qui ne demandent pas d’investissement : demander aux salariés d’éteindre la lumière, les ordinateurs et les imprimantes en partant ; changer les consignes de chauffage de quelques degrés. Ensuite, il y a les mesures simples à investissement faible, comme la régulation des chauffages en ajoutant des thermostats ou des horloges pour couper des radiateurs. Pour les investissements plus lourds, mieux vaut faire appel à des experts afin d’avoir plusieurs scénarios. Un conseil : il faut commencer par améliorer la sobriété énergétique avant de chercher à renouveler ses équipements. Plutôt que de remplacer un compresseur, mieux vaut travailler sur des procédés pour réduire sa consommation (comme détecter les fuites d’air comprimé) ou bien valoriser la chaleur qu’il émet. Dans ce cas, il y aura des travaux à faire pour récupérer la chaleur. On en revient à l’importance d’avoir une vision globale.