Panneaux solaires sur trackers pour un data center

En 2019, la SARL Mugi, spécialisée dans la technologie blockchain et labellisée French Tech et French Lab, a implanté son data center en zone rurale. Déployé sur une surface de 2 000 m², il s’agit de la première ferme de minage (qui extrait de nouveaux bitcoins via la puissance de calcul d’ordinateurs très puissants) en France, dédiée à la sécurisation des cryptomonnaies. Cette opération est certes moins coûteuse en matière de foncier qu’une installation en zone urbaine, mais pour l’entreprise, cette décision était naturelle. Une grande majorité de l’équipe est en effet originaire de Bourgogne-Franche-Comté. C’est notamment le cas de Maxime Chery, gérant de Mugi et basé dans la région depuis une dizaine d’années. « Nous collaborons dans la mesure du possible avec des acteurs du territoire. On nous aide beaucoup et il est logique que nous puissions rendre la pareille. Hormis pour le matériel informatique, très spécifique et qui n’existe qu’à l’étranger, notre volonté consiste à développer notre activité localement », explique-t-il.

À titre d’exemple, l’entreprise avait invité une trentaine de start-up locales, souvent très éloignées de son activité, lors de l’inauguration du data center, afin de leur présenter son réseau (investisseurs, etc.). En outre, un data center est particulièrement énergivore. Le site de Toucy fonctionne ainsi 24/24, toute la semaine et il consomme par jour autant qu’une dizaine de maisons, soit un appel de puissance de 2,5 MW. Mugi s’est donc inscrit dans une démarche de transition énergétique et ce, dès le démarrage du site. « Nous avons notamment mis en place un refroidissement passif, sans système de climatisation. L’impact énergétique est le plus faible possible », indique Maxime Chéry.

Des trackers fabriqués localement

Pour diminuer la consommation d’électricité du site, Mugi a également installé, en septembre 2022, deux trackers photovoltaïques qui suivent la course du soleil. Thalie, l’entreprise locale qui fournit les trackers, est quant à elle basée à Mâcon. Elle a été présentée à Maxime Chéry par Bpifrance, qui accompagne Mugi depuis 2019. Thalie débutait alors à peine son activité et Mugi fait d’ailleurs partie des premiers utilisateurs de ses trackers géants. Rotatifs, ceux-ci maximisent la production des panneaux solaires. L’énergie produite par les deux trackers est autoconsommée par le data center et le surplus est vendu à EDF. « Chaque tracker affiche une puissance de 25 kW. Les deux trackers génèrent ainsi 0,5 MW par jour, en moyenne, ce qui permet de couvrir 30 % de notre consommation et jusqu’à 50 % lors des journées très ensoleillées », précise Maxime Chéry. Pour la SARL, il s’agit d’un investissement conséquent, mais les trackers ont été commandés il y a un an. Or, dans la conjoncture actuelle, avec un coût de l’électricité qui explose, le retour sur investissement interviendra plus rapidement que prévu, d’ici trois à cinq ans. Désormais, la SARL réfléchit à d’autres solutions renouvelables qui permettront à son data center de devenir totalement autonome. Elle pourrait notamment récupérer la chaleur fatale sur le site.