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Les entreprises des énergies renouvelables, sauvées des eaux ?

Stéphane Bozzarelli est président de Cemater, un cluster qui regroupe 77 entreprises du domaine des énergies renouvelables et de la construction durable en région Occitanie. Il est aussi président de l’entreprise Dev’EnR, producteur indépendant d’énergies renouvelables. Il revient sur l’impact des élections législatives pour son secteur.

PAR CAROLE RAP - JUILLET 2024
Stéphane Bozzarelli est président de Cemater. ©DR

Quel est l’impact des dernières élections législatives pour les PME-PMI de votre secteur ?

Stéphane Bozzarelli : Les résultats du second tour ont fait pousser un ouf de soulagement au monde des énergies renouvelables. Nous nous retrouvons dans une position de forte incertitude, mais moindre que si le Rassemblement National était arrivé en tête [il prônait notamment un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien, ndlr]. Maintenant, il va se passer plusieurs semaines voire plusieurs mois avant qu’il y ait des avancées sur le sujet énergie : le temps que le nouveau gouvernement se mette en place, qu’il prenne ses marques, que les syndicats rencontrent les personnes clés pour les acculturer à nos problématiques.

Quelles sont les conséquences de cette incertitude politique sur l’activité des entreprises de Cemater, dont la vôtre ?

Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, nous constatons l’arrêt des investissements et des recrutements concernant le développement de projets d’énergies renouvelables. Tout le monde a le pied sur le frein. Au niveau de mon entreprise, Dev’EnR, nous avons pris la décision de stabiliser les équipes pour les six mois à venir. Pourtant nous étions passés d’un effectif de cinq à 55 personnes en trois ans, et une dizaine d’embauches supplémentaires était en cours. Mais nous avons stoppé ce plan d’embauche. Pour le moment, nous préférons avancer sur nos projets et voir comment le contexte évolue. Depuis deux ans nous travaillons à des pistes de diversifications complémentaires au métier de producteur, comme le stockage. L’incertitude politique et l’évolution du contexte énergétique européen nous font accélérer sur ce type de sujet.

Pourquoi un tel coup de frein ?

Comment développer des projets qui devront sortir dans deux ou trois ans, sans savoir à qui on vendra notre énergie et à quel prix ? L’un des gros enjeux à court terme, ce sont les appels d’offres pour les projets solaires de centrales au sol et sur bâtiments. Ils étaient attendus pour fin juillet. Nous n’avons toujours pas les cahiers des charges, ni aucune visibilité du côté de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) [qui organise ces appels d’offre, ndlr]. Nous ne savons pas si ce retard est dû à des raisons politiques ou techniques. Autre enjeu sur le développement de projets, les taux d’intérêt. La France est rappelée à l’ordre par l’Europe pour son niveau trop élevé de dette publique. Et les extrêmes politiques suscitent de l’incertitude sur les marché financiers. Or, financer un projet à 3,5 % ou à 5 %, c’est très différent.

Quels autres points restent en suspens ?

La PPE [programmation pluriannuelle de l’énergie, texte qui fixe les objectifs de production d’énergie pour la décennie à venir, ndlr] devait être discutée dès cet été. Comment va-t-elle être traitée demain, quels seront les objectifs pour l’éolien et le solaire ? C’est toute la question. Autre enjeu, le gouvernement précédent voulait modifier les conditions d’achat de l’électricité produite par les projets photovoltaïques d’une puissance entre 100 et 500 kW, en revenant sur le principe du guichet ouvert, ce qui inquiète beaucoup la filière. C’est encore, pour l’instant, une épée de Damoclès au dessus de nos têtes. Les pouvoirs publics avaient par ailleurs annoncé un tarif d’achat à venir pour les petits projets solaires au sol de moins de 1 MW, mais l’arrêté n’est pas encore publié (1). Les développeurs qui ont ce type de projets sont dans l’impossibilité de les lancer. Dans un tel contexte, chacun reste prudent.

(1) Selon l’association Enerplan, cet arrêté devait être examiné par le Conseil supérieur de l’énergie le 25 juillet 2024.

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