Financer sa transition
Le Fonds chaleur en pratique
À Villemandeur, dans le Loiret, Immo Bellière a pu réaliser un projet de géothermie sur sondes verticales. Il doit permettre à la PME de ne plus être dépendante des énergies fossiles pour ses besoins de chauffage et de rafraîchissement.
Lorsque le projet est né, il y a un peu plus de deux, ans, le gestionnaire de biens immobiliers Immo Bellière était déjà sensibilisé aux énergies renouvelables, d’autant que dans le cadre de son activité, l’entreprise aide ses propres clients à améliorer leur efficacité énergétique. La PME souhaitait donc remplacer une ancienne chaudière au fioul consommant environ 120 MWh/an, ainsi qu’un système de climatisation électrique vétuste. Ces équipements alimentaient plusieurs bâtiments appartenant à Immo Bellière et hébergeant un groupe de sociétés. Après avoir pris contact avec l’Ademe, la PME a d’abord bénéficié d’un prédiagnostic, réalisé et en grande partie financé par la chambre de commerce et d’industrie. « Celui-ci a analysé les consommations, à grosse maille, d’électricité et de fioul, puis il a préconisé des améliorations et l’utilisation d’énergie renouvelable. Nos consommations d’électricité étant assez réduites, il était préférable, dans un premier temps, de réfléchir à une solution de géothermie », explique Valérie Bellière, responsable industrielle d’Immo Bellière.
Un bureau d’études certifié Qualibat a ensuite mené une enquête de faisabilité (financée par l’Ademe), notamment pour définir les caractéristiques d’une solution, le coût et le retour sur investissement. Elle présentait d’ailleurs plusieurs possibilités techniques (géothermie sur nappe ou sur sondes) et intégrait une étude géologique. De son côté, la PME a opté pour l’installation de plusieurs sondes – de 150 m de profondeur – et d’une pompe à chaleur. La géothermie sur nappe, elle, offre plus d’échanges thermiques, mais elle nécessite davantage d’entretien.
La complexité des dossiers
Une fois la solution déterminée, Immo Bellière a monté un dossier pour le financement des travaux (forages, installation des sondes, de la pompe à chaleur et de nouveaux radiateurs pouvant générer du chaud ou du froid) via le Fonds chaleur, mais aussi une demande pour bénéficier du Fonds européen de développement régional (Feder). La PME a pu bénéficier ainsi d’une aide de l’Ademe de 57 600 € (pour 176 000 € de dépenses éligibles) et d’une subvention du Feder s’élevant à 85 400 €, ce qui a permis de financer environ 60 % des travaux. L’entreprise pointe néanmoins la multitude des dossiers à monter et des temps de réponse parfois assez longs. « Pour des non-spécialistes, il est compliqué de traduire les données de l’étude de faisabilité en fonction des éléments demandés pour obtenir les subventions. Le montage des dossiers prend énormément de temps et, à ce niveau, un accompagnement spécifique serait utile pour les PME », indique Valérie Bellière.
Du fait de l’augmentation du prix des matériaux, l’entreprise a, en outre, vu la facture des travaux passer de 200 000 € (initialement prévus) à 250 000 €. La subvention européenne arrivant plus tard, elle a été dans l’obligation de souscrire un emprunt et même d’apporter une partie du financement sur ses fonds propres. « Le prêt a en effet lui aussi été sous-estimé. Pour se lancer dans ce type de projet, les entreprises doivent donc avoir les reins solides. Certaines auraient certainement baissé les bras, d’autant que les délais d’approvisionnement ont également augmenté. Il a fallu plusieurs mois pour remplacer une pièce défectueuse dans la tête de forage », précise Valérie Bellière.
Les travaux ont commencé en début d’année et l’installation a été mise en service cet été. S’il est trop tôt pour confirmer l’efficacité de la solution (qui doit être encore optimisée), celle-ci permet à Immo Bellière d’être plus sereine vis-à-vis des approvisionnements de combustibles fossiles, mais aussi de prévoir des économies. Désormais, l’entreprise envisage l’installation de panneaux photovoltaïques pour alimenter la pompe à chaleur et devenir totalement autonome.
L’installation géothermique
Le projet a nécessité l’installation de 800 m de sondes et d’une pompe à chaleur géothermique de 60 kW. Il doit permettre à l’entreprise de réduire les rejets de CO2 de 22 teq CO2/an par rapport à la situation initiale, de maîtriser la consommation électrique liée au rafraichissement et de valoriser 72 MWh/an d’énergie renouvelable extraite du sol.