Engager sa transition
La PME Brunereau réduit son empreinte carbone
En Charente-Maritime, l’entreprise de travaux de décoration Brunereau réduit son empreinte carbone en proposant à ses clients des peintures et des isolants biosourcés, et en investissant dans des fourgonnettes électriques.
Lors du déconfinement de mai 2020, quand Bastien Losfeld reprend l’entreprise de peinture Brunereau, près de La Rochelle, il découvre « des salariés déboussolés, qui se questionnaient sur leur avenir ». Issu du monde de la gestion des déchets, il s’interroge sur la feuille de route à construire pour sa trentaine d’employés. Il s’appuie alors sur un consultant extérieur pour animer des groupes de travail « afin que la parole se libère et que chacun donne sa vision de l’entreprise ». Surprise, une partie des interrogations qui remontent concerne l’impact environnemental de cette société qui réalise des chantiers de décoration pour les particuliers, les entreprises et les collectivités (peinture, revêtement de sol, ravalement de façade, etc.) « En travaillant sur ces sujets, nous avons réalisé que nous ne savions pas vraiment de quoi nous parlions. Nous avions des idées, mais comment les quantifier ? », raconte Bastien Losfeld.
Il fait appel à la coopérative Carbone La Rochelle, qui lui conseille dans un premier temps d’effectuer un bilan carbone. « Cela n’a pas été simple, mais nous voulions un outil de mesure fiable, qui nous donne des ordres de grandeur. » Les résultats, présentés en mai 2022, sont « un choc ». « Nous avons été surpris par leur grandeur – 1 500 tonnes d’équivalent CO2 émis par an – et par les causes de cet impact. Nous pensions que c’était le déplacement de nos camionnettes sur les chantiers, or cela pèse moins de 5 % de nos émissions de gaz à effet de serre. En revanche, 80 % des émissions sont liées à nos intrants, en particulier lors de la fabrication des peintures », relate le chef d’entreprise.
Passer à l’action
Déconcertée, l’équipe de Brunereau se demande comment apporter sa pierre à l’édifice alors que son métier, qu’elle pratique depuis 1957, est « intrinsèquement polluant ». Accompagnée par la coopérative Carbone, elle découvre que certains fabricants de matériaux cherchent aussi à faire leur part, par exemple en introduisant des huiles végétales à la place d’huiles pétrochimiques dans la formulation des peintures. Ce qu’on appelle les peintures biosourcées, qui restent des produits chimiques mais avec une empreinte carbone réduite. « Il a fallu qu’on les teste et qu’on les qualifie, afin de déterminer lesquelles marchaient le mieux, en termes de rendu, de couvrance et en fonction des teintes et des supports », explique Bastien Losfeld.
L’entreprise se fixe comme premier objectif de flécher 25 % de ses achats de peintures intérieures vers du biosourcé. En 2023, elle a déjà atteint 20 %. « Les clients particuliers sont réceptifs, cela marche bien. Les professionnels avec de gros chantiers ont une problématique de coût, car la peinture biosourcée est 25 % plus cher que la peinture traditionnelle. Mais je pense que ça va se développer dans les années à venir », analyse le dirigeant.
Impliquer les salariés
La PME propose aussi des isolants en bois compressés au lieu de polystyrène pour les chantiers d’isolation thermique par l’extérieur (ITE), avec une même performance d’isolation à épaisseur équivalente, mais à un prix supérieur de 30 %. Et même si les trajets professionnels pèsent moins de 5 % de son bilan carbone, elle a mis en place un plan d’investissement sur dix ans pour le renouvellement de ses quinze véhicules par leurs équivalents électriques. « Ce plan est basé sur les aides actuelles aux véhicules électriques, mais c’est une équation économique pleine d’incertitudes. Chaque loi de finance peut modifier ces conditions, sans compter le devenir du prix du kWh », souligne le patron de PME. Pour 2024, il prévoit des ateliers de sensibilisation aux enjeux climatiques pour ses salariés, accompagnés par le groupe local du think tank Shift Project. « L’idée est de les faire passer à l’acte. Les salariés vont proposer des idées. Avec l’aide des Shifters ils vont en mesurer l’impact et s’il est positif, ils pourront les développer et les diffuser », se réjouit Bastien Losfeld.
Pour aller plus loin : la démarche RSE de Brunereau