Financer sa transition
Financer un projet géothermique, l’expérience de KTR France
Basée à Dardilly, en Auvergne-Rhône-Alpes, l’entreprise KTR France a bénéficié du Fonds chaleur de l’Ademe pour financer l’installation d’une pompe à chaleur réversible et de quatre sondes géothermiques. La solution permet de couvrir l’ensemble des besoins en chaleur et en rafraîchissement du siège de la société.
KTR France est une société industrielle, spécialisée en transmission mécanique. En 2017, elle recherchait une solution pour rénover son nouveau siège, un bâtiment ancien d’une surface de 854 m² et équipé de radiateurs électriques très énergivores. Son choix s’est porté sur la géothermie couplée à une pompe à chaleur (PAC) réversible sur sondes géothermiques verticales. « Je souhaitais installer un système efficace et vertueux. Le bureau d’études qui nous a accompagnés, Diagonale Concept, m’a alors présenté la géothermie. Celle-ci répondait à mes attentes et avait l’avantage d’être simple à mettre en œuvre », indique Pierre Martin, directeur de KTR France.
Détails du projet géothermique
En fonction des besoins estimés en chauffage et en rafraîchissement du bâtiment (36,6 MWh par an), le bureau d’études a ensuite prédéfini une solution intégrant quatre sondes de 30 cm de diamètre et installées à 150 m de profondeur, sous le parking du bâtiment, ainsi qu’une PAC réversible de 37 kW de puissance. C’est également le bureau d’études qui a contacté l’Ademe pour s’informer des aides disponibles. « À l’époque, le projet rentrait dans les critères d’éligibilité du Fonds chaleur. Nous avons bénéficié d’une aide de 5 000 € pour financer l’étude de faisabilité. Concernant les travaux (forage, installation des sondes et de la PAC), le budget s’est élevé à 86 000 €, financés à 30 % par le Fonds chaleur, soit 25 000 € », précise Pierre Martin.
Entamés en mars 2017, les travaux ont duré onze mois. Un prestataire a d’abord réalisé les forages, puis d’autres intervenants ont pris en charge la plomberie et les raccordements. En parallèle, KTR France a fait installer des panneaux solaires hybrides en toiture (lire encadré), mais elle n’a pour cela bénéficié d’aucune aide. Elle a emménagé dès la mise en service de l’installation, en février 2018.
Des rendements élevés
Durant l’été, les panneaux solaires hybrides chauffent l’eau envoyée dans les sondes à 17 °C afin de la stocker pour la saison froide en rechargeant le sous-sol. La circulation de l’eau dans les planchers permet également de valoriser la chaleur fatale des locaux en la réinjectant dans les sondes géothermiques. L’installation offre ainsi la possibilité de récupérer de la chaleur du sous-sol pendant l’hiver, pour chauffer le bâtiment sans appoint énergétique complémentaire. « La géothermie apporte énormément de confort dans le bâtiment et elle permet de faire d’importantes économies. Nous produisons 22 % d’énergie de plus que nos besoins [à cause d’un surdimensionnement de l’installation, ndlr]. Les rendements de l’installation sont d’ailleurs si élevés que la PAC fonctionne finalement assez peu pendant l’hiver pour chauffer l’eau », affirme Pierre Martin.
Celui-ci conseille aux entreprises intéressées de réfléchir, dès le départ, à une éventuelle mutualisation de l’investissement et des usages. « Nous sommes en surabondance de chaleur. Des entreprises voisines auraient pu en profiter », regrette-t-il. De leur côté, les consommations d’électricité du bâtiment ont drastiquement baissé. Il est bien entendu difficile pour KTR France d’établir une comparaison avant/après, mais l’entreprise a néanmoins dû changer le compteur électrique d’origine, d’une capacité de 36 kVa, pour un modèle de seulement 24 kVa. Selon l’Ademe, les rejets annuels de CO2 du bâtiment sont en outre passés de 11 à moins de 1 kg par m². Dans la conjoncture actuelle, le retour sur investissement, qui était à l’origine estimé à 12 ans, est désormais d’environ 4 ou 5 ans.
Le solaire hybride
L’installation en toiture intègre 40 m2 de panneaux solaires hybrides (photovoltaïques et thermiques). Elle produit 42 MWh d’électricité par an. Durant l’été, l’eau qui circule sous les panneaux permet de rafraîchir les modules photovoltaïques et d’améliorer ainsi leur rendement.