Comment évolue l’engagement des PME dans la transition énergétique ?

Comment évolue l’engagement des PME dans la transition énergétique ?

La dernière étude de Bpifrance Le Lab, publiée le 4 avril 2023, montre que 67 % des chefs d’entreprise déclarent surveiller leurs enjeux environnementaux contre 31 % en 2020. C’est une très forte progression. 72 % d’entre eux disent avoir baissé leurs émissions carbone au cours des cinq dernières années et 86 % sont assez confiants dans le fait de les réduire à l’avenir. On est passé d’une prise de conscience à des premiers gestes. Mais pour l’essentiel, les actions réalisées sont des écogestes, comme changer le système d’éclairage ou trier les déchets. On n’en est pas encore à la vraie transformation. Il faut doubler nos efforts pour atteindre les objectifs français et européens de décarbonation. C’est pour cela que nous accompagnons nos dirigeants dans la transition. Par exemple Bpifrance a déjà réalisé 1 500 diagnostics Eco-Flux, qui ont permis aux PME de réaliser des économies de 30 % d’eau en moyenne, et de 15 % d’énergie. En 2021 nous avons lancé le Diag – Décarbon’Action, et cette année, le Diag Écoconception et le diagnostic de stratégie environnementale, qui interrogent de manière plus profonde l’un le process industriel, l’autre le modèle d’affaire.

Qu’est-ce qui freine les dirigeants de PME ?

La sobriété constitue le premier pas, mais ensuite, il y a la peur d’effectuer des investissements beaucoup plus importants, qui représentent une prise de risque, sans certitude d’un retour sur investissement rapide, avec la crainte aussi que les clients ne paient pas « le vert ». Autre frein, les PME-PMI font de l’innovation incrémentale, c’est-à-dire une amélioration continue de leurs produits. Réaliser des économies d’énergie sur les process de production, cela reste de l’incrémental. Or l’écoconception suppose une innovation de rupture, et les PME-PMI n’ont généralement pas d’équipe R&D travaillant dans une perspective de rupture. Bpifrance a lancé les Diag Axes d’Innovation pour favoriser cette innovation. Les dirigeants pensent aussi parfois qu’il n’existe pas de solution technique adaptée à leur entreprise. Nous les mettons en contact avec des responsables de start-up innovantes qui proposent des solutions et ont besoin de rencontrer de potentiels clients, par exemple sur la récupération de chaleur fatale. C’est le sens des communautés comme celle du Coq Vert qui réunit des entrepreneurs engagés et des start-up green tech.

Qu’est-ce qui motive les dirigeants en faveur de la transition ?

À la fois des menaces sur leur activité et de nouvelles opportunités. Concernant les menaces, les grands groupes se décarbonent (scope 1, 2 et 3 du bilan carbone), donc toute la chaîne de sous-traitants a l’injonction de se décarboner, au risque de perdre des clients. Par ailleurs, la réglementation européenne se durcit. De plus, les entreprises d’une certaine taille ont l’obligation d’effectuer une déclaration extrafinancière. Les financiers demandent des comptes en matière de transition énergétique, de même que les salariés, ce qui a un impact en termes d’attractivité et de marque employeur. Mais il y a aussi les opportunités. Beaucoup d’industriels cherchent des matières premières vertes. Ceux qui sont capables de fournir des produits décarbonés vont gagner de nouvelles parts de marché. L’environnement est un marché colossal. Actuellement, nous avons identifié 2 150 Green Tech en France, contre 1 800 en 2020. Ces entreprises lèvent des fonds, attirent des capitaux. Stockage de l’énergie, matériaux bas carbone, énergie verte, captation du CO₂, digital dans l’agriculture pour limiter les intrants, chimie verte, ce sont les progrès de demain. Et nous voulons les encourager.