Engager sa transition
Automatiser la collecte des déchets des artisans
Début mai dernier, Entreprise Guyonnet inaugurait sa deuxième déchetterie automatique professionnelle à Saint-Savin (Isère), après celle ouverte en juin 2020 aux Abrets-en-Dauphiné. Un concept soutenu par le plan de relance et en plein essor, qui évite bien des déplacements.
L’artisan plâtrier approche sa camionnette de la barrière à reculons, puis sort de son véhicule et fait passer sa carte magnétique devant la borne d’accueil, indiquant les matières – triées – qu’il va déposer. La barrière s’ouvre, laissant l’accès en contrebas à une benne amovible qui fera la pesée. Le plâtrier y verse ses déchets de placoplâtre, puis attend le feu vert pour recommencer l’opération avec deux sacs de carrelage usagé. La benne se lève, manœuvrée par un bras mécanique, et déverse le contenu dans le conteneur approprié parmi les six proposés : déchets industriels banals (DIB) en mélange, bois, gravats, déchets verts, carton, placoplâtre. Le professionnel sera facturé selon le poids qu’il a déposé à la fin du mois, en plus d’un droit d’usage mensuel de 20 euros. S’il a un doute sur la matière, il peut appeler l’entreprise, dont le site est surveillé 24h/24. « Nous enregistrons les opérations clients en direct, explique Jacques-Olivier Guyonnet, fondateur d’Entreprise Guyonnet. La traçabilité est totale, afin d’identifier en temps réel les erreurs de tri ou d’affectation, de fermer automatiquement l’accès ou de vérifier les taux de remplissage des conteneurs. » Aucune malveillance n’a été constatée aux Abrets depuis l’ouverture, il y a un an, selon lui grâce à la propreté du site, sous vidéosurveillance, mais aussi régulièrement visité par son équipe de chauffeurs, ne serait-ce que pour remplacer un conteneur arrivé à saturation ou répondre aux questions des clients.
Répondre à la demande
Chaque site représente un investissement de 300 000 euros, subventionnés à hauteur de 80 % par le plan de relance, mais aussi plusieurs mois de tractations foncières pour permettre l’implantation d’une dalle étanche de 800 m² environ, avec des collectivités locales ou des bailleurs privés, à l’image de la SNCF, propriétaire d’une friche à Nivolas-Vermelle, dont l’inauguration pourrait avoir lieu en novembre, également dans le nord-Isère. C’est un maillage de ce territoire avec six à sept plateformes que projette Jacques-Olivier Guyonnet, afin de répondre à une demande croissante des PME et PMI locales, notamment artisans du bâtiment, de plus en plus exclus des déchetteries municipales. « Elles sont aussi peu adaptées, notamment par leurs horaires, mais aussi à cause du fait qu’il faille passer par-dessus une balustrade pour déverser ses déchets, ce qui peut être dangereux », explique-t-il. Dans ces conditions, et avec un maillage du territoire suffisant, les TPE/PME (du bâtiment notamment) trouvent une solution pour déposer leurs déchets en optimisant leurs déplacements. Une solution aux dépôts sauvages de gravats, par exemple, mais aussi au recyclage puisque ce sont autant de matériaux que les recycleurs pourront remettre en circulation après traitement. Avec économies d’énergie et de ressources à la clé.
Une création savoyarde
Ce concept de déchetterie automatique est développé par la société Appulz, basée à Coise (Savoie). Elle revendique une vingtaine d’installations en France, principalement dans le Sud et l’Est, depuis 2014, mais aussi en région parisienne, pouvant collecter entre 2 et 6 types de déchets.