Engager sa transition
Attention, chaud dedans !
Avec le réchauffement climatique, les entreprises sont confrontées à un nouvel enjeu, la surchauffe des locaux professionnels en été. Comment travailler en confort sans recourir à la climatisation à tout-va ?
« Avant, le principal problème énergétique des bâtiments était le chauffage. Ils n’ont jamais été conçus avec l’idée de gérer la surchauffe. Avec l’amélioration des réglementations thermiques, le phénomène s’amplifie : les locaux sont conçus pour conserver la chaleur », analyse Pascal Lenormand, cofondateur du bureau d’études Incub’, spécialisé dans le design énergétique. À cette cause structurelle de la surchauffe des locaux, s’ajoute une raison plus conjoncturelle : « On a mis des ordinateurs dans les bureaux. Or, ordinateurs et serveurs ne sont presque rien d’autre que des chauffages électriques. » En période de canicule, le cocktail est explosif. Le problème de la surchauffe se pose aussi dans les ateliers ou les entrepôts, où l’on est mieux préparé à gérer le froid que les grandes chaleurs. Mais comment faire pour avoir moins chaud sans installer la climatisation, ou sans l’allumer en continu, transition énergétique oblige ?
Trop chaud pour quoi faire ?
Il n’y a pas une solution miracle, mais autant de conseils que de cas particuliers. La clé consiste à cerner la véritable problématique. Car le problème de la surchauffe, c’est moins la température du local que ce que les gens doivent y faire et comment ils la supportent. « Quand on dit “il fait trop chaud”, la question est de savoir s’il faut assurer le confort d’un agent posté là toute la journée ou lui permettre une intervention ponctuelle. Ou bien la chaleur fait-elle tomber des machines en panne ? Ou provoque-t-elle le déclenchement d’une alarme incendie ? Nous avons eu l’exemple d’un centre de tri de déchets où il faisait tellement chaud que les équipes de maintenance ne pouvaient pas intervenir quand un tapis était arrêté. Dans ce cas, le problème n’est pas de maintenir une température basse », raconte le designer énergétique. Un vêtement conçu pour résister à une forte chaleur pendant un temps limité pourrait alors faire l’affaire.
Mieux s’organiser
D’autres solutions matérielles produisent aussi leurs effets, à condition d’être bien pensées. Parmi la vingtaine de paramètres qui peuvent entraîner la surchauffe d’un local et dont les effets se cumulent, il s’agit d’identifier ceux qui ont le plus de poids. Vitrages en plein soleil, toiture sombre, ordinateurs allumés… Par exemple, une couche blanche sur la toiture pour réfléchir le rayonnement solaire peut faire chuter la température, plus ou moins selon la constitution du bâtiment. L’enjeu est aussi de savoir ce qui est négociable ou pas en fonction de l’activité de l’entreprise. Parfois certains apports énergétiques ne sont pas discutables. « J’ai vu un cas où des presses à injecter tournent 24 heures sur 24. C’est une donnée de l’activité, il faut faire avec », souligne Pascal Lenormand. Autre levier important, l’organisation. Il est possible de jouer sur les usages, par exemple en coupant tout le matériel qui n’a pas besoin d’être allumé. Ou en ouvrant les fenêtres la veille pour que les pièces puissent se rafraîchir pendant la nuit. « Où ouvrir, quoi éteindre, tout ça c’est de l’humain, donc de l’organisation. L’explication ne suffit pas, il vaut mieux faire une démonstration et impliquer les gens », assure le cofondateur d’Incub’. Avoir moins chaud dedans, c’est possible. Et sans clim.
Pour aller plus loin
En mai dernier, l’Ademe a publié un guide intitulé « Rafraîchir les villes, des solutions variées ». S’il adresse aux formes urbaines, il comporte également des réponses, à l’échelle du bâtiment et ses alentours, pouvant inspirer les entreprises.