Valoriser énergétiquement les sous-produits de vigne

Encore émergente, la valorisation des déchets de vigne affiche un potentiel intéressant. En moyenne, les viticulteurs arrachent — ou coupent – entre 3 % et 5 % de leurs cultures chaque année. Cela représente une surface de 5 500 hectares en Nouvelle-Aquitaine et une surface de 25 000 hectares en France.

Cette pratique est mise en œuvre en raison de maladies, ou dans le but de maintenir l’âge moyen des grands vignobles. Coûteuse et chronophage, elle est également très émettrice de CO2 car les viticulteurs doivent généralement brûler les ceps (pieds de vignes, coupés ou arrachés) pour s’en débarrasser. Le brûlage des déchets verts à l’air libre est pourtant réglementé par des arrêtés préfectoraux. Néanmoins, en absence de solution alternative, des dérogations sont toujours accordées.

Créer une alliance entre viticulture et énergie

Afin de répondre à cette problématique, Vinea Énergie a été créée en juin 2020. Située à Teuillac, dans le département de la Gironde, l’entreprise propose aux viticulteurs locaux un service de ramassage de leurs ceps, mais aussi de leurs piquets en bois. Ceux-ci sont ensuite rassemblés sur de grandes plateformes de tri, puis transformés en bois-énergie (plaquettes de bois) et en supports de culture.

« Nous vendons ces plaquettes à des fournisseurs d’énergie qui ont des contrats avec des réseaux de chaleur industriels ou collectifs. L’apport d’une nouvelle ressource en bois permet de répondre aux besoins grandissants, mais il était primordial de créer une alliance entre la viticulture et l’énergie. Ce sont deux filières qui parlent des langages différents », explique Alice Shaw, cofondatrice et directrice générale de Vinea Énergie.

Réduire l’empreinte des viticulteurs

Afin que cette nouvelle activité participe à la décarbonation de la filière viticole. Vinea Énergie a mis en place un modèle basé sur l’économie circulaire et les circuits courts. « Parcourir des centaines de kilomètres pour s’approvisionner ou pour livrer n’aurait pas de sens. C’est pourquoi nous travaillons uniquement avec des viticulteurs et des réseaux de chaleur de la région », précise Alice Shaw.

Au début, l’entreprise proposait également un service de ramassage gratuit, mais elle a dû modifier son modèle économique au deuxième trimestre 2022 pour rester viable. Désormais, elle facture le ramassage des déchets à partir de 350 € HT la benne de 30 m³ collectée. Le service reste néanmoins intéressant pour les viticulteurs, d’autant qu’il s’inscrit dans une démarche environnementale. À ce titre, une attestation est fournie par Vinea Énergie après chaque ramassage. Celle-ci reprend le volume évacué et l’équivalence CO2 évitée. Des données que les viticulteurs peuvent ensuite intégrer dans leur bilan carbone.

En outre, l’entreprise travaille sur la possibilité d’un gain financier. « Une méthode carbone est en cours de rédaction par l’Institut français de la vigne et du vin. À terme, les viticulteurs pourraient récupérer des crédits carbone grâce à l’évacuation de leurs déchets et les revendre », indique Alice Shaw.