Retour d'expérience
Une centrale solaire qui s’adapte à son environnement
La deuxième plus grande centrale photovoltaïque de France est entrée en fonctionnement au printemps dans la Meuse. Elle a permis la valorisation d’une friche militaire et l’installation d’un éleveur ovin afin d’entretenir les herbages.
Les 364 000 modules solaires, dont certains dotés d’une technologie bifaciale innovante, occupent 155 hectares d’une ancienne base aérienne de l’Otan à proximité de Marville, dans la Meuse. Les sociétés TSE et Enerparc, ont investi chacune 40 millions d’euros. La moitié ouest de la centrale, gérée par TSE, a été mise en service de manière progressive entre le 1er mai et le 1er juin 2021. L’autre moitié, gérée par Enerparc, doit entrer en fonctionnement courant septembre 2021. « Avec une puissance totale installée de 152 MW, la centrale dégagera une production totale d’environ 156 GWh par an », précise TSE, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 23 000 habitants. Il s’agira de la deuxième plus grande centrale après celle de Cestas à Bordeaux dont la puissance atteint 300 MW.
De l’écopâturage avec 1 000 moutons
La particularité du site provient également de la délégation de la gestion des espaces enherbés à un jeune éleveur ovin en agriculture biologique, qui a pu s’installer grâce à ce projet. « Les ressources fourragères du parc seront valorisées par de l’écopâturage ovin avec un cheptel d’environ 1 000 têtes », précise TSE. Le producteur indépendant français d’énergie solaire souligne que ce projet n’aurait pu voir le jour sans l’implication de la communauté de communes du Pays de Montmédy qui regroupe 25 municipalités et représente plus de 7 000 habitants. Pour cette collectivité, l’ambition était de donner une seconde vie à cette friche militaire en produisant une énergie renouvelable.
Éric Dumont, président de la communauté de communes propriétaire du terrain depuis 2006, insiste sur « le double aspect écologique » de ce projet, avec l’installation du berger et une partie de l’ancienne base également convertie en petite réserve ornithologique pour la protection du passereau. « Au niveau transition énergétique, c’est une excellente contribution : la deuxième centrale photovoltaïque de France, ce n’est pas rien, estime l’élu. Et cela nous permet de maîtriser une friche militaire, ce qui n’est pas simple à gérer », ajoute-t-il. Par ailleurs, Éric Dumont évoque également « l’attractivité que cette centrale peut générer sur le territoire » et explique que ses habitants sont favorables au projet : « Les installations n’ont pas d’impact visuel, ce n’est pas comme des éoliennes, c’est discret. » Par ailleurs, ce projet s’inscrit « pleinement dans les orientations du schéma régional climat-air-énergie (SRCAE) de Lorraine, rappelle TSE, ainsi que dans les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie, adoptée fin avril, qui vise à développer les énergies renouvelables et à réduire les émissions de carbone. »
Un programme de préservation de l’environnement
« La conception de la centrale solaire s’appuie sur de nombreuses études qui ont permis d’évaluer les enjeux environnementaux du site », explique TSE. Sur une durée de trente ans, la société a prévu de conduire un programme ambitieux de préservation de la biodiversité à travers trois actions volontaires : la désartificialisation des sols, la restauration d’une mosaïque de prairies et la limitation des espèces végétales invasives. « Nous avons supprimé des dalles de béton qui étaient présentes sur le terrain et nous allons implanter entre dix et vingt espèces de prairies différentes, précise Marie Belingard, directrice Marketing chez TSE. Sur les zones sous les panneaux solaires, il s’agit de prairies dédiées au pâturage dont le réensemencement a déjà été réalisé, et sur les zones en dehors des panneaux solaires, il s’agira de prairies sauvages. Ainsi, nous sommes parvenus à supprimer la présence du sainfoin d’Espagne, une espèce végétale invasive. »