Stratégie
Une centrale photovoltaïque sur une ancienne gravière
Dans les Hautes-Pyrénées, une centrale photovoltaïque, installée sur une ancienne gravière, a été cofinancée par un territoire rural. Celle-ci couvre la consommation de 1 200 foyers.
À Bours, dans les Hautes-Pyrénées, le projet de centrale photovoltaïque est né il y a quelques années, à l’initiative du maire qui souhaitait réhabiliter une ancienne carrière de sable et de graviers. Après sa fermeture en 1995, les terrains avaient été remblayés et le site faisait office de décharge sauvage.
Codévelopper le projet
Pour assurer le développement et l’exploitation de la future centrale, le maire a d’abord sélectionné Urbasolar, un acteur privé. La commune et l’entreprise ont ensuite décidé de se rapprocher de Ha-Py Energies, une société d’économie mixte (SEM), montée en 2020 par le Syndicat départemental d’énergie des Hautes-Pyrénées (SDE65), avec le Département des Hautes-Pyrénées et le Crédit agricole Pyrénées-Gascogne. Celle-ci a permis au territoire de codévelopper le projet et d’investir aux côtés d’Urbasolar, à hauteur de 49 % (pour un investissement total de près de 4,8 millions d’euros).
« Suite à une étude sur le développement des énergies renouvelables, le Département souhaitait se doter d’un outil d’investissement local pour participer aux grands projets photovoltaïques. L’objectif consistait à capter la valeur locale », explique Jean Chaneac, directeur général de Ha-Py Energies. Le caractère dégradé du site a d’ailleurs permis au projet de se monter assez facilement et celui-ci n’a suscité aucune réticence, y compris pendant l’enquête publique et les permanences assurées en mairie. « En cas de surface non artificialisée, il faut prendre en compte l’utilité agricole et le montage est plus complexe, avec davantage de concertation. »
Des retombées locales
Mise en service en décembre 2022, la centrale affiche une puissance de 5 MW. Elle intègre pour cela 11 000 panneaux photovoltaïques qui produiront chaque année plus de 6 200 MWh, soit la consommation de 3 000 personnes. En termes de modèle économique, l’énergie produite est totalement vendue à EDF. Urbasolar et le territoire, par l’intermédiaire de Ha-Py Energies, en partagent les revenus. « La moitié de l’investissement est portée par la SEM, donc par le territoire, avec des fonds locaux. Outre les loyers versés aux propriétaires des terrains (une commune et un acteur privé), il faut ajouter les revenus fiscaux récupérés par la commune d’implantation, Bours, mais aussi l’Établissement public de coopération intercommunale, le Département et même la Région », précise Jean Chaneac.
Urbasolar et Ha-Py Energies ont également fait appel à des entreprises locales pour certaines phases de la construction (notamment la fourniture des longrines de béton qui servent d’accroche pour les pieux et la conduite des travaux), ainsi que pour assurer la maintenance de la centrale. Par ailleurs, celle-ci est bordée par une rivière classée Zone Natura 2000. À ce titre, Urbasolar a décidé de préserver le site et de créer des espaces favorables à la biodiversité, notamment grâce à une haie arborée, l’installation d’ouvertures sur la clôture qui entoure la centrale et le maintien des zones humides.