Décryptage
Une centrale agrivoltaïque qui suit la course du soleil
GreenYellow va construire sa première centrale agrivoltaïque installée sur trackers dans le cadre de son partenariat avec ArcelorMittal Projects Exosun. Permettant de protéger les cultures et de rémunérer les exploitants, cette expérimentation vise à être répliquée.
Le fournisseur et producteur d’électricité GreenYellow a annoncé la concrétisation de l’accord de coopération signé en juillet 2021 avec ArcelorMittal Projects Exosun. La première centrale agrivoltaïque sera installée d’ici fin 2022 à Castelginest (Haute-Garonne), sur une parcelle de grandes cultures. Les 3 900 panneaux solaires, d’une puissance totale de 1,8 MW, seront déployés sur des trackers Exosun, qui suivent la course du soleil au cours de la journée.
Une centrale adaptée à l’exploitant
Le dimensionnement de la centrale a été entièrement pensé pour répondre aux besoins de l’exploitant, aussi bien en termes d’espace nécessaire entre les rangs photovoltaïques, que de hauteur et d’espacement entre les poteaux qui vont supporter les tables photovoltaïques. « Celui-ci pourra ainsi travailler sans modifier ses habitudes. L’installation n’occupera que 8 % de la parcelle, l’emprise se réduisant aux poteaux de 30 cm de diamètre. Les tables seront également suffisamment hautes (avec un espace de 15 m entre chaque rang) pour qu’une moissonneuse-batteuse puisse passer et travailler. En outre, les poteaux supports seront espacés de 6 m, ce qui offre la possibilité de passer avec une herse pour travailler le sol. À ce titre, la centrale n’empêchera pas non plus l’agriculteur de faire évoluer son exploitation. À Castelginest, les trackers seront installés sur de grandes cultures en rotation, notamment de blé et de colza, mais l’exploitant pourra demain cultiver du maïs ou faire du maraîchage par exemple », explique Loïc Mairesse, responsable photovoltaïque Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie chez GreenYellow.
Un modèle vertueux
L’utilisation des trackers passera par un programme qui gérera l’orientation des panneaux en fonction de la saison et de l’inclinaison du soleil. L’exploitant pourra cependant intervenir, afin de modifier le positionnement des trackers à tout moment. Il sera par exemple possible de mettre ceux-ci à plat en cas de grêle ou face au vent afin d’épargner les cultures situées dessous. Pour cela, l’exploitant disposera d’une commande. Il sera formé à l’utilisation de l’outil une fois l’installation terminée.
Concernant le montage du projet et le modèle économique, l’exploitant porte une partie de l’investissement et GreenYellow le reste. « Nous avons pour cela créé une société par actions simplifiées (SAS). La centrale sera raccordée au réseau et l’intégralité de la production sera injectée. Le prix de vente est fixé dans le cadre des appels d’offres de la CRE [Commission de régulation de l’énergie] et garanti pendant vingt ans. L’agriculteur recevra les dividendes, ainsi qu’un petit loyer versé dans le cadre de l’expérimentation. Les trackers représentant un surcoût par rapport aux structures fixes, le retour sur investissement interviendra au-delà de dix ans. En revanche, l’exploitant bénéficiera d’une protection efficace de ses cultures : par exemple, l’ombrage permet de réduire le stress hydrique des plantes en cas de canicule, ce qui limite en outre le recours à l’irrigation », indique Loïc Mairesse. Avec cette première centrale, GreenYellow entend disposer d’une référence et répliquer ensuite le projet. Plusieurs pourraient voir le jour en 2024 sur des vignes, des parcelles d’élevage d’ovins et de bovins, ainsi que sur une parcelle d’arboriculture.