Un réseau d’élus référents transition écologique et énergétique

Le réseau « Élus pour agir » a vu le jour à l’initiative du nouveau président de l’Ademe, Sylvain Waserman. Par son expérience d’élu local, celui-ci avait en tête l’idée d’un réseau de dialogue et de décryptage basé sur des retours d’expérience. « À l’époque, j’ai pu lancer des projets divers, mais cela ne faisait pas la transition écologique de mon territoire. Je manquais de moyens, y compris pour convaincre, explique-t-il. En arrivant à l’Ademe, j’ai découvert un trésor d’expertises et de connaissances qui m’aurait été très utile. » Il décide alors de créer un réseau pour les collectivités locales, reposant sur des élus référents, des scientifiques et des experts de l’Ademe. Soutenu par les équipes de l’agence et par le gouvernement, le réseau « Élus pour agir » est annoncé officiellement en novembre 2023.

Des sessions pour échanger

Le réseau permet la participation à une session mi-régionale, mi-nationale, d’une journée par an (en visioconférence et sur les sites des 17 directions régionales de l’Ademe), ainsi que des sessions nationales de deux heures tous les trois mois, sous forme de webinaires, avec des ateliers, le partage de bonnes pratiques, des propositions d’actions, etc. « Notre mission consiste à donner aux élus des clés pour comprendre les enjeux de la transition, ainsi que des outils et des méthodes qui capitalisent les connaissances de l’Ademe. Ensuite, les directeurs régionaux de l’agence ont comme objectif de faire vivre le réseau à l’échelle locale », indique Sylvain Waserman. À ce titre, tous les élus peuvent rejoindre le réseau (communes, communautés de communes, etc.), mais également les conseillers municipaux qui ont parfois davantage de temps, en particulier dans les petites collectivités.

Dans le cadre des sessions, des experts de rang national et des invités venant de Météo France, du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), etc., commencent toujours par faire le lien entre les grands enjeux liés au dérèglement climatique et la vie d’une ville ou d’un village. « Il faut que les collectivités puissent expliquer leurs choix et leur stratégie aux citoyens et aux acteurs économiques. C’est pour cette raison que des élus de grandes et petites communes, qui ont par exemple vécu des oppositions vis-à-vis d’un projet, viennent également témoigner. » Des outils et des méthodes sont ensuite proposés aux élus, au cas par cas. Cela concerne notamment les financements possibles, ou les appels à projets auxquels ils peuvent répondre.

Les énergies renouvelables au cœur des enjeux

Pour le moment, trois sessions longues ont eu lieu. La première portait sur la loi d’accélération sur les énergies renouvelables, qui s’applique au niveau des communes. « Cette loi oblige chacun à prendre position et à mener des actions, y compris dans un village de quelques centaines d’habitants. La session visait à aider les élus à faire les bons choix et à anticiper afin d’être prêts lorsqu’un porteur de projet arrivera sur leur territoire », précise le président de l’Ademe. Elle abordait ainsi les enjeux de la loi, la définition des zones d’accélération, les différentes énergies, etc.

Les échanges permettent d’ailleurs à l’Ademe de prendre connaissance de nouvelles problématiques. Au lancement du réseau, un élu a par exemple évoqué son impossibilité d’installer des panneaux solaires sur une structure en bois. « Cette pratique n’est pas interdite. Simplement, il n’existe pas de référence CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) qui la normalise. Les architectes et les assurances sont donc frileux. C’est ce type de remontée qui va nous faire progresser », assure Sylvain Waserman.

Objectif : mobiliser 10 000 élus

La deuxième session concernait la lutte contre les vagues de chaleur dans les villes et villages. La prochaine aura pour objet la rénovation des bâtiments publics, en particulier des écoles. Suivra une session davantage méthodologique sur la construction d’un plan de territoire. « Les prochaines élections municipales se tiendront en 2026. Or, les maires vont devoir répondre aux oppositions, mais aussi aux plaintes sur leur non-action, affirme Sylvain Waserman. La session va permettre aux équipes municipales de se plonger à 360° sur toutes les thématiques de la transition, de consulter et de dialoguer avec les citoyens pour retenir, le cas échéant, certaines idées et expliquer leurs choix en fonction des réalités de leur territoire. » Une autre session portera sur les questions de sobriété et de mutualisation, par exemple au niveau des usages (véhicules partagés, partage de bâtiments, etc.).

Actuellement, 2 800 personnes ont rejoint le réseau « Élus pour agir ». On trouve parmi elles en grande majorité des maires de petites et moyennes communes, et au moins un élu dans chaque grande ville : Paris, Montpellier, Nice, Bordeaux, Toulouse, etc. D’ici quatre ans, l’Ademe entend en mobiliser 10 000, ce qui permettra au réseau d’avoir un maximum d’impact.