Le tour de la question
Un guide d’insertion paysagère des unités de méthanisation agricole
En octobre 2021, le département de Seine-et-Marne et CapMétha77 ont lancé un guide d’insertion paysagère des unités de méthanisation. Destiné aux porteurs de projet, aux exploitants, aux bureaux d’études et aux élus, il vise à faciliter un développement durable de la méthanisation agricole.
Très engagé en matière de méthanisation agricole, avec 24 unités en activité, le département de Seine-et-Marne est depuis 2020 à l’initiative de la charte CapMétha77 avec neuf partenaires, parmi lesquels figurent la Région Île-de-France, la chambre d’agriculture, l’Union des maires de Seine-et-Marne, l’Ademe, GRT Gaz et GRDF. Objectif : atteindre 75 % d’autonomie en gaz à usage résidentiel à l’horizon 2030 et contribuer au développement des mobilités décarbonées grâce au bioGNV. Pour faciliter le développement de la méthanisation agricole en Seine-et-Marne et éviter des levées de boucliers comparables à celles que rencontrent les projets éoliens, le Département et CapMétha77 souhaitaient mettre en œuvre une approche permettant que les unités de méthanisation s’intègrent idéalement dans les paysages ruraux, sans gêner les riverains.
« En avril 2020, le CAUE77 [conseil d’architecture d’urbanisme et de l’environnement de Seine-et-Marne, ndlr], sous le pilotage du Département et de GRDF, a lancé un appel à contribution destiné aux paysagistes-concepteurs, avec la volonté de favoriser l’innovation et le savoir-faire, mais également de s’appuyer sur l’histoire du territoire pour l’intégration des unités de méthanisation agricoles. Dix-neuf agences ont répondu à l’appel et trois d’entre elles ont été retenues : l’agence Laure Plancher, l’agence Fabriques et l’agence Pour la Terre. Ces trois agences ont également reçu un prix. Il s’agissait en effet d’un véritable concours, avec un jury composé notamment de tous les signataires de la charte CapMétha77, ainsi que des représentants des professionnels du paysage et de l’Association des maires ruraux », explique Béatrice Rucheton, vice-présidente du département, en charge de l’environnement.
Penser l’intégration des unités en amont des projets
La Seine-et-Marne est le premier département à mettre en place un guide de ce type. Très complet, il permet aux acteurs concernés (porteurs de projet, exploitants d’unité de méthanisation, etc.) de mieux cerner les solutions et les possibilités qui sont à leur disposition en termes d’intégration et d’acceptation locale. Il est systématiquement envoyé à tous les projets en cours de développement et certaines initiatives y font d’ores et déjà appel pour dessiner leurs installations.
Structuré en trois parties, le guide permet également aux porteurs de projet de répondre aux interrogations des élus et des riverains. « La première partie rappelle les obligations réglementaires à prendre en compte pour l’insertion paysagère. Elle incite également à contractualiser celle-ci le plus tôt possible, en amont du projet et à s’adjoindre les compétences d’un paysagiste-concepteur afin d’éviter des modifications sur une installation achevée. Parfois, il suffit de quelques dizaines de mètres pour modifier favorablement la perception des riverains. La deuxième partie liste quant à elle des recommandations et des schémas illustratifs dont les porteurs de projets et leurs concepteurs peuvent s’inspirer. Le concepteur va réfléchir au niveau du site d’implantation, de l’emplacement sur la parcelle et du paysage dans sa globalité. Cela peut concerner la couleur des bâches ou l’utilisation de bardages en bois par exemple. Enfin la dernière partie du guide fournit une palette d’essences locales pouvant être mobilisée pour constituer des structures végétales. Désormais, l’idée ne consiste plus à utiliser des plantations pour cacher les unités, mais bien pour les intégrer au paysage », conclut Béatrice Rucheton.