Le tour de la question
Tout savoir sur les cultures intermédiaires à vocation énergétique
Le projet Récital donne des recommandations régionalisées pour aider les exploitants agricoles à choisir un système de production adapté aux cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), optimiser leur rentabilité globale, maîtriser les aléas de production et gagner en résilience.
Le projet Récital, mené par Arvalis de novembre 2019 à septembre 2023, et soutenu par l’Ademe, donne des clés aux agriculteurs pour choisir des systèmes de culture adaptés à la production de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) selon leur contexte pédoclimatique. Les résultats et les recommandations pratiques ont été synthétisés pour chacune des cinq grandes régions : Grand Ouest, Centre Île-de-France, Sud-Ouest, Rhône-Alpes et Grand Est (1). « Les Cive composent en moyenne, en 2022, 13 % de la ration des méthaniseurs et cette part a tendance à augmenter, explique Sylvain Marsac, chef de projet d’Arvalis, d’où l’intérêt d’un tel projet qui a capitalisé toutes les informations remontant d’un réseau de plus de 70 essais en France. »
Privilégier les Cive d’hiver
Pour les Cive d’hiver, le potentiel de rendement suit un gradient Sud-Ouest/Nord-Est. Pour des semis réalisés fin septembre ou début octobre, les rendements, début mai, peuvent dépasser 10 tonnes de matières sèches par hectare (t MS/ha) dans le Sud-Ouest (grâce aux températures plus élevées) contre 6 t MS/ha dans le Nord-Est. À savoir que pour favoriser une bonne levée des Cive, le cumul des pluies, une semaine avant et deux semaines après le semis, doit atteindre 15 mm. Les Cive d’été sont des cultures « d’opportunité ». Les risques d’échecs à la levée sont importants dans de nombreuses régions à cause du manque d’eau à cette période. « Mais les orages sont des opportunités à saisir pour semer ces couverts », souligne l’étude.
Récolter tôt la Cive
Récolter tôt la Cive (fin avril) permet de ne pas retarder l’implantation de la culture suivante et de réduire le risque de stress hydrique pour celle-ci. Par ailleurs, retarder la récolte de la Cive ne permet pas d’obtenir un meilleur potentiel méthanogène. L’étude montre que « la Cive est prête à être récoltée lorsque le stade épiaison [apparition de l’épi, ndlr] – début de floraison est atteint (pour assurer un taux de matière sèche minimal), et lorsque l’objectif de 25 à 30 % de matière sèche est atteint pour limiter la production de jus de silo », qui peut représenter d’importantes pertes de matières (2) et de contenu énergétique (près de 20 Nm³/t MS à 20 % MS).
Épandage du digestat : réduire les tassements du sol
Si l’apport d’azote sur la Cive en sortie d’hiver est possible, « la dose à appliquer ne doit pas dépasser 100 kg d’azote par hectare », rappelle l’étude. Concernant le phosphore et le potassium, « le retour au sol du digestat permet un apport non négligeable » et peut compenser les exports. Par ailleurs, pour limiter les risques de tassement du sol (et la dégradation de la structure du sol) lors de l’épandage du digestat, la parcelle doit être bien ressuyée [débarrassée de son excès d’eau, ndlr], y compris en profondeur, et le matériel d’épandage doit être adapté pour limiter son poids.
(1) https://www.arvalis.fr/recherche-innovation/nos-travaux-de-recherche/recital
(2) Après la récolte, les Cive sont stockées à plat, par terre, dans un silo de stockage. Une bâche les recouvre et du jus coule un peu suite à la fermentation. Il s’agit de réduire ces jus de silo de stockage car cela fait perdre du pouvoir méthanogène. Voir : https://www.clesdelatransition.org/acteurs-du-monde-rural/comment-optimiser-lensilage-des-cive
30 minutes de travail par hectare
Sur les essais du projet Récital, une augmentation du temps de travail de 30 minutes/hectare en moyenne a été relevée pour intégrer une Cive dans son assolement. Cette charge de travail se répartit en pics d’activité, notamment en période de récolte des Cive. L’agriculteur peut réaliser les travaux lui-même ou peut faire appel à des prestataires.