Stratégie
Total verdit ses raffineries
À Grandpuits, en Seine-et-Marne, ou à La Mède, dans les Bouches-du-Rhône, Total convertit ses installations.
Ce premier trimestre 2021 marque la fin du raffinage du pétrole brut à Grandpuits, en Seine-et-Marne. En 2023, ce sera la fin du stockage de produits pétroliers. La raffinerie va être transformée en une plateforme zéro pétrole. C’est l’option choisie par Total après un audit du pipeline qui relie Grandpuits au port du Havre et permet l’approvisionnement en brut. Suite à plusieurs fuites, ce pipeline nécessitait des travaux d’un montant de près de 600 millions d’euros. Total a donc plutôt choisi d’investir 500 millions d’euros pour reconvertir la plateforme « vers des énergies d’avenir et confirmer ainsi son ambition d’atteindre la neutralité carbone en Europe d’ici 2050 ».
Trois projets bénéficient de cet investissement : une usine de biocarburants d’une capacité de 400 000 tonnes par an, une deuxième de bioplastiques et une troisième de recyclage des plastiques. La mise en service de l’usine de biocarburants est prévue en 2024. Elle produira 170 000 tonnes/an de biocarburant aérien durable, 120 000 t/an de biocarburants routiers et 50 000 t/an de bionaphta utilisé pour produire des bioplastiques. Et ce, à partir de graisses animales, d’huiles de cuisson usagées et d’huiles végétales de type colza. Le pétrolier assure qu’un approvisionnement local sera privilégié et que la bioraffinerie ne traitera pas d’huile de palme.
Sur ce site, Total entend aussi construire la première usine européenne de bioplastique PLA (acide polylactique) d’une capacité de 100 000 tonnes par an. Ce bioplastique, « dont le marché connaît une croissance soutenue de près de 15 % par an », selon Total, sera fabriqué à partir de sucre, toujours issu d’un approvisionnement local, dès 2024.
Enfin l’unité de recyclage du plastique, à base d’un procédé de pyrolyse, pourra traiter 15 000 tonnes de déchets plastiques par an à compter de 2023.
Par ailleurs, Total construira deux centrales photovoltaïques ; d’une capacité de 28 MW à Grandpuits, et de 24 MW à Gargenville (Yvelines). « Elles contribueront à l’ambition de Total de fournir de l’électricité verte à l’ensemble de ses sites industriels en Europe, précise le groupe. Elles seront construites et opérées par Total Quadran, filiale à 100 % dédiée au développement et à la production d’énergie renouvelable en France. »
Production d’hydrogène
Dans les Bouches-du-Rhône, au cœur de la bioraffinerie de La Mède, Total et Engie ont annoncé en ce début d’année s’associer pour développer « le plus grand site de production d’hydrogène vert sur électricité 100 % renouvelable ». « Alimenté par des fermes solaires d’une capacité globale de plus de 100 MW, l’électrolyseur de 40 MW produira 5 tonnes d’hydrogène vert par jour répondant aux besoins du processus de production de biocarburants de la bioraffinerie Total de La Mède, évitant 15 000 tonnes d’émissions de CO₂ par an », annoncent les partenaires. Il s’agit du projet Masshylia, qui prévoit également le stockage de l’hydrogène afin de gérer l’intermittence de la production d’électricité solaire face au besoin d’alimentation en continu de la bioraffinerie. Les travaux de construction pourraient débuter en 2022, pour une production en 2024. « Au-delà de cette première phase, de nouvelles fermes renouvelables pourront être développées par les partenaires pour l’électrolyseur qui a la capacité de produire jusqu’à 15 tonnes d’hydrogène vert par jour », estiment Total et Engie.