Stratégie
Retour sur le photovoltaïque en site isolé
Les résidences principales ou bâtiments à usage professionnel non connectés au réseau, dits « en site isolé », bénéficient d’aides pour l’installation d’énergies renouvelables. C’est ensuite le gestionnaire de réseau Enedis qui finance l’entretien et l’exploitation des générateurs (à 99 % photovoltaïques).
Un refuge de haute montagne, un chalet d’alpage ou une vieille ferme au milieu des Cévennes, certains édifices ne sont pas raccordés au réseau public de distribution d’électricité. On les appelle des sites isolés. Dans certains cas, ils sont inaccessibles. Dans d’autres, aucune ligne n’a encore été tirée jusqu’à eux. Si ces bâtiments ont besoin d’être électrifiés, « Enedis va faire un devis avec la réalisation d’une ligne (quand c’est possible), et un devis avec un générateur photovoltaïque, et c’est le meilleur qui l’emporte », explique Jean-Robert Denche, fondateur et gérant de la société 2ES, qui a longtemps équipé des sites isolés en panneaux solaires.
Selon lui, l’installation d’une centrale photovoltaïque en site isolé, accompagnée de batteries, coûte entre 5 € et 8 € le Wc. « Les sites isolés sont essentiellement développés par les autorités organisatrices de la distribution d’énergie (AODE), en concertation avec Enedis, en substitution à des extensions du réseau en zone rurale. Ce sont des bureaux d’études spécialisés mandatés par les AODE qui établissent le dimensionnement électrique de ces sites, en lien avec les futurs utilisateurs », indique Enedis.
Reste à charge
Pour une première électrification d’une résidence principale ou d’un bâtiment à usage professionnel ou à vocation touristique, il existe des aides financières. L’État, dans le cadre du Facé (voir encadré) peut attribuer à une AODE une subvention allant jusqu’à 80 % du coût hors taxe du projet. L’Ademe, la commune, la région ou le département peuvent compléter. « Un minimum de 5 % de l’assiette finançable reste à la charge du propriétaire. Le maître d’ouvrage de l’installation est soit Enedis, soit le syndicat d’électrification (ou syndicat d’énergie) », précise l’association Hespul. L’exploitation et la maintenance sont ensuite confiées à Enedis dans le cadre d’un contrat de concession, qui précise aussi les conditions de fourniture de l’électricité.
« Enedis assure la maintenance, le dépannage et le renouvellement des installations de production. Au total, Enedis exploite 776 sites isolés sur l’ensemble du territoire métropolitain continental. 99 % d’entre eux sont équipés de panneaux photovoltaïques, les autres sites isolés étant des petites installations de production hydraulique », confirme un porte-parole du gestionnaire de réseau de distribution. Le coût d’un dépannage sur un sommet alpin peut vite grimper. « Le site isolé coûte extrêmement cher. Il faut souvent faire plusieurs heures de route puis de marche, ou prendre un hélicoptère. Dans ces conditions, les techniciens arrivent parfois au bout de deux ou trois jours », raconte Jean-Robert Denche.
Le gérant de 2ES a depuis diversifié son activité vers d’autres niches photovoltaïques. « Le marché du site isolé s’est éteint. Nous avons presque tout équipé. Il reste à changer des batteries, à rajouter des modules de-ci de-là, ou à retourner sur des sites que j’ai équipés il y a trente ans », reconnaît-il.
Facé, un fonds de financement
Destiné à soutenir les collectivités rurales dans leurs travaux d’électrification, un fonds d’amortissement des charges d’électrification (Facé) a vu le jour dès 1936. Transformé en 2011 en compte d’affectation spéciale (CAS) « Financement des aides aux collectivités pour l’électrification rurale » (Facé), ce fonds a intégré le budget de l’État. Il finance majoritairement des travaux de renforcement, de sécurisation et d’enfouissement des réseaux d’électricité. Mais aussi des opérations de production décentralisée à partir d’énergies renouvelables si elles permettent d’éviter, dans de bonnes conditions technico-économiques, des solutions d’extension ou de renforcement des réseaux qui se révéleraient plus coûteuses.
En savoir plus : https://www.ecologie.gouv.fr/reseaux-electriques