Décryptage
Photovoltaïque : choisir son modèle économique
Se lancer dans un projet photovoltaïque peut prendre plusieurs formes : autoconsommation, seule ou avec vente de surplus, vente totale ou location de la toiture à un tiers. L’agriculteur fera son choix selon son objectif : réaliser des économies sur sa facture d’électricité ou diversifier ses revenus.
1. Autoconsommation avec ou sans vente de surplus
Dans ce cas, le but est de réduire le montant de ses factures et éventuellement de générer un revenu avec la vente du surplus d’électricité produite. Cela convient notamment aux exploitations d’élevages, viticoles ou avec des serres qui consomment beaucoup d’énergie et de façon régulière. Mais pour connaître précisément sa consommation et sa puissance, il convient de demander à Enedis, le gestionnaire du réseau électrique, ces données qui seront plus précises que celles mentionnées sur la facture.
Concrètement, l’agriculteur paye les panneaux solaires et leur installation, et il autoconsomme l’électricité produite. Si la production est insuffisante, le réseau public prend le relais. Dans le cas inverse, s’il y a un surplus de production, l’électricité est revendue au tarif de 6 centimes d’euro par kWh, pour une puissance totale inférieure à 100 kWc. Pour Pascal Chaussec, président de l’Apepha (Association des agriculteurs producteurs d’électricité photovoltaïque associés), « ce tarif de la vente en surplus est trop faible. Il faut restaurer l’équivalence des tarifs d’achats en vente totale et en vente en surplus pour les installations sur bâtiments jusqu’à 100 kWc. »
Pour l’autoconsommation avec vente du surplus, une prime d’investissement de 90 €/kWc est octroyée pour les installations jusqu’à 100 kWc. Elle est de 180 €/kWc pour celles inférieures à 36 kWc.
2. Vente en totalité
L’agriculteur paye également les panneaux solaires et leur installation, mais il revend la totalité de l’électricité produite à un tarif d’achat garanti vingt ans et fixé chaque trimestre. À titre d’exemple, du 1er octobre au 31 décembre, le tarif d’achat d’électricité réglementé varie, selon la puissance, de 10,76 à 12,07 €/kWh vendu pour une installation jusqu’à 100 kWc. Il s’agit de rentabiliser la construction ou la rénovation d’un bâtiment, ou de diversifier ses sources de revenus. « La vente totale est, de loin, le système le plus développé en agriculture et représente 75 à 80 % des projets, estime Pascal Chaussec, mais le nombre de systèmes en autoconsommation augmente désormais très vite. »
3. Location de la toiture à un tiers
Dans ce cas, l’agriculteur ne paye pas les panneaux solaires ni l’installation sur son bâtiment. Il ne gère pas non plus la surveillance et la maintenance des panneaux. Il met la toiture de son bâtiment à disposition d’une société solaire qui est propriétaire de l’électricité produite et qui loue la toiture. Un loyer est donc versé, soit en une seule fois lors de l’installation, soit tous les ans. Il s’agit ici clairement de diversifier ses sources de revenus ou de rentabiliser plus vite un bâtiment. Selon les cas, certaines entreprises peuvent proposer de prendre en charge une partie des travaux de construction du bâtiment ou de rénovation de la charpente. Mais pour Pascal Chaussec, « même si la location de toiture à un tiers peut être alléchante, elle est à éviter car peu rentable et souvent risquée. Il faut être notamment très vigilant sur la signature des baux qui engagent sur de longues périodes et se faire absolument accompagner par un juriste. » Il convient également de contacter l’assureur de son bâtiment pour l’informer de son projet de louer sa toiture à un tiers. Il faudra notamment être particulièrement vigilant aux responsabilités de chacun, agriculteur et société solaire, en cas de sinistre et les conséquences en terme financier.