Retour d'expérience
Micro-méthanisation : diversification et autonomie pour les exploitations agricoles
Une installation de micro-méthanisation dans le Pas-de-Calais valorise le lisier issu des vaches et produit de l’électricité et de la chaleur. Un pas de plus vers l’autonomie de l’exploitation.
L’unité de micro-méthanisation a été mise en route sur l’exploitation laitière de Ludovic et Virginie Delcroix, à Beussent, dans le Pas-de-Calais, en octobre 2022. Elle est alimentée par le lisier produit par les 130 vaches laitières, directement par une pompe placée dans une fosse où se déversent les effluents du bâtiment d’élevage. « L’objectif était de fonctionner en autonomie en valorisant un déchet de la ferme dans un système vertueux, tout en dégageant un revenu », explique le couple. Le projet monté avec la société belge Biolectric a coûté 269 000 € (lire encadré). Seenorest, le contrôle laitier du Pas-de-Calais (organisme qui mesure les caractéristiques du lait), a géré le montage des dossiers administratifs pendant les deux ans précédant la mise en route de l’unité.
Réduire le bilan carbone
Concernant le fonctionnement de l’unité, le lisier est chauffé à une température comprise entre 39 et 42°C pour que les micro-organismes se développent et produisent le biogaz. Ce dernier est dirigé vers le local technique pour être compressé, asséché, épuré pour produire de l’électricité, injectée dans le réseau EDF, et pour produire de la chaleur grâce à un moteur à combustion et à un générateur. 30 % de la chaleur est récupérée, via un réseau d’eau, pour chauffer le digesteur. Le reste sert à chauffer l’habitation des éleveurs. « L’unité de micro-méthanisation permet de produire de l’électricité tout en réduisant fortement le bilan carbone de l’exploitation, de 20 à 30 %, et en captant 90 % du méthane produit », chiffre Biolectric.
Retour sur investissement en 7,5 ans
La production de 289 MWh par an (en moyenne 33 kWh par heure), revendue à EDF à 0,20 €/kWh, permet à Ludovic et Virginie de dégager un chiffre d’affaires annuel de près de 58 000 €. À ce montant sont retirées les charges, qui comprennent les annuités d’emprunt, l’assurance, le coût de fonctionnement électrique du site et le contrat de maintenance que les éleveurs ont souscrit avec Biolectric. Pour 15 000 €/an, la société assure un suivi du bon fonctionnement de l’unité et prend en charge toutes les interventions nécessaires et les consommables (filtres, pièces de rechange). Le retour sur investissement est prévu en 7,5 ans après la mise en route de l’unité.
Le digestat, sans odeur et directement assimilable par les plantes, contrairement au lisier, est épandu à l’aide d’une tonne à lisier avec pendillards (pour éviter toute évaporation) au plus près des besoins des cultures, telles que le maïs, le blé, le colza ou les betteraves, cultivées sur les 177 ha de l’exploitation.
Aide à l’investissement
Pour accompagner leurs éleveurs-adhérents, la coopérative laitière Sodiaal propose une solution de micro-méthanisation des effluents d’élevage. Grâce à l’appui technique et financier de Nestlé, partenaire de la coopérative, l’éleveur peut bénéficier d’une aide à l’investissement de 50 000 €.
Pour Sodiaal, l’objectif est de déployer 100 micro-méthaniseurs d’ici quatre à cinq ans dans 100 fermes techniquement éligibles. Un partenariat a été conclu avec Biolectric, spécialisé dans la conception, la fabrication et l’installation de micro-méthaniseurs fonctionnant uniquement avec le lisier de l’exploitation agricole en circuit court. La société propose une gamme de digesteurs dont la production va de 22 kWh à 74 kWh par heure, permettant de traiter les lisiers d’élevage de 100 à 500 vaches. « Grâce à un outil fortement automatisé, l’installation peut se gérer en autonomie en moins de 15 minutes par jour, en moyenne, par les agriculteurs », selon Biolectric.