Retour d'expérience
Méthanisation : les retours d’expérience de l’Ademe
L’agence réalise régulièrement le suivi sur un an d’installations de méthanisation afin de faire progresser la filière. Aperçu des conclusions des dix dernières installations suivies.
Un retour concret et approfondi sur dix installations de méthanisation suivies chacune durant une année entre juillet 2017 et mars 2020, c’est ce que propose l’Ademe dans un ensemble de rapports publiés en septembre dernier. « Ces installations ont été choisies parce qu’elles présentent des caractéristiques spécifiques intéressantes pour nous à étudier, pour relever des points d’attention, explique Julien Thual, ingénieur méthanisation du service prévention et gestion des déchets de l’Ademe. Les conclusions n’ont pas valeur de généralisation, mais elles aident à faire progresser la filière actuellement en plein développement. » La moitié d’entre elles purifie le gaz obtenu pour en faire du biométhane injecté dans le réseau de gaz, les autres associent production de chaleur et d’électricité via un procédé de cogénération.
Des matières aux petits oignons
Obtenus grâce à l’instrumentation en place des installations et des visites de terrain, les résultats montrent que si dans l’ensemble le processus de méthanisation est bien maîtrisé, une attention particulière doit être portée à l’adéquation entre les matières traitées et le système d’introduction dans le digesteur, ainsi qu’à la préparation des matières en amont (broyage, éviction des cailloux…). Ceci afin d’éviter les bouchages par accumulation, usures prématurées et casses des broyeurs, pompes et vis d’incorporation. La qualité des rations est également capitale : trop sèches ou trop liquides, les matières ont souvent un potentiel méthanogène inférieur à ce qui était attendu (82 % du potentiel méthanogène prévu). Le rapport recommande ainsi de réaliser des tests en laboratoire sur des échantillons de chacune des matières dès l’étude de faisabilité.
La formation comme priorité
La quantité de matières traitées est en revanche souvent supérieure au prévisionnel. « À investissement égal, on se rend compte que les installations peuvent en général traiter plus de matières que prévu. Cela nécessite cependant que l’aval, notamment la capacité de stockage du digestat, suive », explique Jacques Wiart, ingénieur expert au service méthanisation de l’Ademe. Les rapports insistent enfin sur la nécessité de formation des maîtres d’œuvre, mais également des salariés qui s’occupent de l’exploitation du site. Si de nombreux modules existent désormais, en formation initiale ou continue, « il faut poursuivre dans cette voie, insiste Jacques Wiart, en lien avec l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France notamment. »
Bon à savoir
Pour la moitié des unités de méthanisation, le poste d’entretien et maintenance et le poste logistique et transport sont les deux plus gros postes de dépenses (respectivement 24 % et 23 % des charges en moyenne). D’où l’importance d’une bonne maintenance préventive et d’un plan d’approvisionnement optimisé.
Un travail au long cours
Ces rapports publiés par l’Ademe ne sont pas les premiers. Depuis une dizaine d’années, l’agence réalise régulièrement des suivis techniques, économiques et sociaux, sur un an, d’installations de méthanisation en fonctionnement. « Ce retour d’expérience est très important pour les maîtres d’œuvre, constructeurs, bureaux d’études, associations et élus locaux, chambres d’agriculture et bien sûr les banques », commente Jacques Wiart.