Méthanisation 100 % végétale

« Depuis deux ans, nous avons lancé deux projets d’unités de méthanisation pour donner une alternative aux agriculteurs qui sont, de plus en plus, dans des impasses agronomiques et économiques », explique Laurent Druot, chargé de développement à Dijon Céréales. En Côte-d’Or (Bourgogne), comme dans les autres zones intermédiaires, les rotations se raccourcissent du fait d’attaques d’insectes difficiles à contrôler sur le colza, et la rentabilité des grandes cultures diminue. « Intégrer des cultures intermédiaires à vocation énergétique, les Cive, permet d’allonger la rotation avec tous les bienfaits agronomiques et environnementaux induits, et les méthaniser permet d’assurer un revenu fixe pendant quinze ans.», souligne Laurent Druot. En outre, les Cive permettent de réduire l’usage des produits phytosanitaires à l’échelle de la rotation, tout en protégeant les sols contre l’érosion en les couvrant l’hiver. Le seigle fourrager semé en septembre, après une orge par exemple, et récolté au printemps avant le semis d’un tournesol, soja, maïs, sorgho ou sarrasin, a été retenu comme source de biomasse. Malgré la sécheresse de cette année, les essais agronomiques réalisés par le service technique de Dijon Céréales, en lien avec les agriculteurs, aboutissent à des résultats de 7 à 8 tonnes de matière sèche par hectare, contre 9 à 10 tMS/ha habituellement. Le seigle représentera 90 % du bol alimentaire du digesteur et des résidus de triage de céréales et des menues pailles viendront le compléter.

150 agriculteurs pré-engagés

150 agriculteurs se sont déjà pré-engagés pour au total 5 000 hectares de seigle fourrager qui alimenteraient la première unité basée à Cérilly, près de Châtillon-sur-Seine. Elle devrait injecter sur le réseau de gaz 2500 Nm³/h de biométhane en 2023. Les dossiers Installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) et le permis de construire seront déposés prochainement. Une centaine d’agriculteurs devrait également s’engager sur le deuxième projet de Til-Châtel au nord-est du département. D’autres unités pourraient par la suite être développées sur le territoire. « Nous avons constaté une forte adhésion des agriculteurs qui sont en recherche de solutions pour pérenniser leurs exploitations d’un point de vue agronomique et économique, appuie Laurent Druot. La production de biométhane via les Cive devrait leur assurer une marge brute supplémentaire de 100 à 120 € par hectare et par an. » Et ce, sans compter les économies en fertilisation dues à l’épandage du digestat, fertilisant organique permettant de réduire le recours aux engrais de synthèse. Digestat qui ne sera d’ailleurs que sous forme solide afin de limiter les nuisances liées au transport pour les riverains. « Les camions amèneront le digestat à l’agriculteur et reviendront avec le seigle, précise le chargé de développement. En évitant les voyages à vide, on limite le nombre de passages. » Il est par ailleurs envisagé que le biométhane produit alimente à terme les camions de Logivia, société de transport dans le secteur agricole créée avec la coopérative Bourgogne du Sud et le groupe d’alimentation animale Soréal. Une communication envers les riverains a déjà débuté et elle est amenée à se développer afin d’expliquer les intérêts économiques et environnementaux de ces unités de méthanisation pour le territoire, et de répondre aux craintes liées notamment aux odeurs et au transport.