Stratégie
Mayenne : quelle stratégie de développement du bioGNV ?
Trois stations d’avitaillement en bioGNV ont ouvert dans ce département rural. Le syndicat intercommunal d’énergies travaille avec les acteurs de la filière au déploiement des réseaux, afin que le gaz vert provienne des unités de méthanisation locales.
Aujourd’hui, 3,8 % de la consommation de gaz de Mayenne est couverte par le biométhane local. D’ici 2025, ce chiffre devrait avoir grimpé à 25 %, puis à 50 % d’ici 2030, avant d’atteindre les 100 % en 2040. Territoire d’énergie Mayenne (TE53) s’occupe de la stratégie de développement du biométhane en carburant et en injection dans le réseau. « Notre territoire agricole dispose de beaucoup d’effluents d’élevage. Il faut capitaliser dessus pour produire une énergie verte », souligne Richard Chamaret, président de ce syndicat intercommunal d’énergies, qui est propriétaire des réseaux de gaz et regroupe 238 communes en tout. Pour cela, un schéma directeur biogaz a été mis en place, après un travail notamment avec les différentes intercommunalités et GRDF. Un zonage gaz a été réalisé, de manière à voir comment et où déployer les réseaux, afin que les stations bioGNV soient approvisionnées par du gaz vert local. « Nous accompagnons et conseillons les collectivités qui veulent en savoir plus sur les énergies vertes, et/ou qui ont des agriculteurs porteurs de projets sur leurs territoires. Nous travaillons là en relation avec Enra 53 (Énergies renouvelables agricoles en Mayenne) en veillant à impliquer les différents acteurs du territoire autour des projets de méthanisation, détaille Richard Chamaret. Par ailleurs, nous avons créé fin 2021 la société d’économie mixte (SEM) Énergie Mayenne, qui pourra entrer au capital – à hauteur de 2 à 5 % – et ainsi participer à la gouvernance des unités. Cela rassure élus et citoyens. »
Cinq autres stations d’ici à 2026
Aujourd’hui, le département compte trois stations bioGNV tous publics (véhicules légers, utilitaires, autocars et poids lourds), à Château-Gontier (inaugurée en 2019), Changé et Aron (ouvertes début 2022). « Ces deux dernières sont situées stratégiquement : pour l’une à la sortie de l’autoroute Rennes-Paris, pour l’autre sur l’axe d’une route nationale très fréquentée. La perspective est d’en développer cinq autres d’ici à 2026, une dans chaque chef-lieu de communauté de communes, indique le président de TE53. Elles ont aussi été pensées pour accueillir plus tard un distributeur d’hydrogène et un superchargeur pour véhicules électriques à batterie. » Elles fonctionnent en délégation de service public sur douze ans et sont exploitées par le groupe espagnol Endesa. « Il y a un an et demi, nous avons donc travaillé avec les transporteurs pour leur présenter les intérêts du bioGNV : un gain financier à la pompe, une aide à l’achat du camion [par la Région Pays de la Loire, arrêtée depuis fin 2021, ndlr], une réduction de 8 % des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi une conduite plus souple et agréable, détaille Richard Chamaret. Malheureusement, avec le contexte actuel, le prix du biogaz a flambé, comme celui des gaz fossiles. Nous sommes donc, avec les acteurs de la filière, en train de tenter de faire changer la donne, pour ne pas que le bioGNV soit indexé sur le prix du gaz russe, rappelant ainsi l’absolue nécessité d’une énergie locale. »
En chiffres
Objectif : 180 à 200 km de réseau de gaz en plus en 2030/2040. Aujourd’hui : 925 km.
Investissement public local de 15 millions d’euros dans les cinq à dix ans.
Investissement station bioGNV de Changé : 1 million d’euros.
Investissement station bioGNV d’Aron : 1,8 million d’euros.
4 unités de méthanisation sont aujourd’hui raccordées au réseau.
Production annuelle : 60 GWh de biométhane.
Objectif : 19 raccordées en tout d’ici à cinq ans.