Stratégie
Lutter contre la pollution lumineuse
Le label national « Villes et villages étoilés » récompense les collectivités qui mettent en place des actions contre la pollution lumineuse. L’occasion pour celles-ci de réduire leur consommation d’électricité. Explication avec Dominique Imburgia, chargé de projet pour la transition écologique au parc naturel régional du Verdon.
Le label « Villes et villages étoilés » a été lancé en 2009. Porté par l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (Anpcen), il concerne principalement des communes. Mais depuis 2020, le dispositif a été ouvert aux territoires. Pour l’obtenir, ceux-ci doivent disposer d’au moins 60 % de communes labellisées ou que l’ensemble des communes labellisées représentent au moins 60 % de leur population. Dans tous les cas, le processus de candidature se fait en ligne. Celui-ci est complexe, en particulier pour les petites communes rurales qui ne sont pas suffisamment outillées.
Les collectivités peuvent cependant bénéficier d’un accompagnement technique, fourni par exemple par des parcs naturels régionaux comme celui du Verdon, ou des communautés de communes qui promeuvent le label. « Pour les communes, l’éclairage public est souvent un héritage. Nous les aidons à réunir les éléments techniques de leur parc (types de luminaires, nombre d’armoires de commande, dispositifs de gestion, etc.). En outre, nous les accompagnons pour optimiser et appliquer une stratégie efficace », explique Dominique Imburgia. À ce titre, le parc naturel régional du Verdon aide financièrement les collectivités pour la réalisation d’audits prenant en compte la question de la pollution lumineuse. Cinq communes ont été accompagnées lors de la dernière édition et jusqu’à présent, le parc a obtenu 100 % de réussite.
Comment recevoir des étoiles ?
Une fois le dossier déposé, l’instruction se déroule dans un délai de six mois. Le nombre d’étoiles décerné (de 1 à 5) est conditionné par le niveau de la stratégie et les actions mises en place. Il est d’ailleurs possible de candidater plusieurs fois pour essayer de gagner progressivement d’autres étoiles. Les actions, elles, portent d’abord sur les caractéristiques des éclairages publics. « Les dispositifs doivent fonctionner dans les règles, c’est-à-dire éclairer juste ce qu’il faut, là et quand cela est nécessaire. Le flux doit aller du haut vers le bas, avec des couleurs de température peu préjudiciables pour la faune nocturne, c’est-à-dire des températures de couleur plus basses que la réglementation, et donc les plus chaudes possibles (entre 2 000 et 2 700 ° Kelvin) », indique Dominique Imburgia.
Les dispositifs d’éclairage doivent également afficher de faibles émissions d’UV, lesquels sont davantage présents avec les lumières bleues. En outre, une stratégie doit être imaginée en amont des projets d’extension de zone artisanale ou résidentielle, par exemple pour installer un système d’éclairage LED avec détection de présence. Afin d’améliorer sa note, il est aussi possible de réduire simplement le nombre de points lumineux et de mener un travail de sensibilisation. « Nous aidons les collectivités à animer des conférences sur la pollution lumineuse, avec notamment un volet en lien avec le pôle tourisme, destiné aux campings, hôtels, etc. », précise Dominique Imburgia.
Enclencher une boucle vertueuse
Concernant les zones à forts enjeux écologiques (présence de chauve-souris par exemple), le parc naturel régional du Verdon a travaillé avec ses homologues de Provence-Alpes-Côte d’Azur à la réalisation d’un guide de préconisations. Celui-ci recommande par exemple de réfléchir à une éventuelle extinction de l’éclairage, ou d’utiliser des lampes dont la température de couleur est inférieure à 2 200 ° Kelvin. « Ce type d’éclairage est similaire aux lampes traditionnelles, avec une lumière jaune orangé, donc cela ne perturbe pas les habitants. »
Outre la protection de la faune et de la flore nocturne, le label « Villes et villages étoilés » est bénéfique pour l’attractivité des territoires vis-à-vis de leurs futurs habitants ou entreprises, mais aussi des touristes, en particulier pour l’observation du ciel. Par ailleurs, les villes labellisées éclairent 34 % de moins que la moyenne nationale selon l’Anpcen, avec à la clé une réduction de leur consommation d’électricité. « Le label permet d’inciter des collectivités à passer à l’action en matière de transition énergétique. Dans les petites communes rurales, l’éclairage peut en effet représenter 50 % des factures énergétiques. Les chiffres ne sont pas forcément importants en volume, mais l’obtention du label constitue pour ces collectivités le début d’une boucle vertueuse », assure Dominique Imburgia.
En chiffres
722 communes sont déjà labellisées de 1 à 5 étoiles, avec une progression de près de 26 % des résultats globaux depuis 2018. Les candidatures pour la prochaine édition seront ouvertes en septembre 2024.