Retour d'expérience
Les technologies de l’agrivoltaïsme
Panneaux bifaciaux sur trackers, normes de résistance à l’ammoniac, anticipation des activités agricoles, l’objectif est de (ré)concilier la production d’électricité solaire avec l’agriculture.
Pour installer du photovoltaïque sur des bâtiments agricoles, « ce sont les mêmes contraintes que pour les bâtiments conventionnels, liées notamment à la structure qui doit accueillir les panneaux », note Samy Engelstein, responsable solaire photovoltaïque pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER). « Les installateurs avec lesquels nous travaillons mettent les mêmes panneaux que sur d’autres types de bâtiment. Nous faisons juste plus attention aux normes relatives aux émissions d’ammoniac. Les déjections animales, à une concentration élevée, provoquent des dépôts d’ammoniac qui peuvent occasionner des problèmes sur les panneaux. Et en bord de mer, nous regardons aussi la norme de protection contre ce qui est salin », explique Laurent Somer, conseiller à la chambre régionale d’agriculture de Bretagne. Pour ces milieux plus exposés, les modules doivent être conformes aux normes telles la CEI 62716 (résistance à l’ammoniac) et la CEI 61701 (résistance aux brouillards salins). La chambre régionale d’agriculture travaille en partenariat avec l’association Apepha, créée en Bretagne en 2010. Regroupant près de 300 adhérents, principalement des agriculteurs, son objectif est de promouvoir le photovoltaïque dans un cadre sécurisé. Les installateurs agréés doivent respecter une charte qualité, avec des critères précis pour les systèmes photovoltaïques (panneaux, onduleurs, installations électriques).
Centrales au sol
Pour l’agrivoltaïsme à partir de centrales au sol ou de serres, ce qui compte, c’est qu’il y ait « une production agricole significative, avec un agriculteur qui reste agriculteur », souligne Samy Engelstein du SER. Ce segment souffrant de contre-références, il préconise des évolutions touchant surtout l’environnement des panneaux, comme « prévoir un passage pour les engins agricoles, des clôtures adaptées aux animaux qui vont pâturer entre les rangées de panneaux, un espacement entre panneaux pour le ruissellement de l’eau de pluie, etc. »
Les recherches en agrivoltaïsme dynamique
L’attention est portée au système de pilotage qui sert à faire pivoter les panneaux. À Tresserre dans les Pyrénées-Orientales, l’entreprise Sun’R expérimente, dans le cadre du programme de R&D Sun’Agri, des modules Photowatt sur 4,5 hectares de vignoble pour une puissance de 2,1 MW. Installés à 4,5 mètres de haut, tournant autour d’un axe horizontal, ils apportent de l’ombre à des vignes qui souffrent de plus en plus des grandes chaleurs. Dans les prochains mois, Sun’R va tester sur le même site quelques dizaines de panneaux bifaciaux Photowatt, une conception qui permet aux cellules photovoltaïques de recevoir aussi la lumière par l’autre face.
L’objectif est de comparer leur rendement énergétique global et leur impact sur la vigne, par rapport aux modules monofaces inaugurés en novembre 2018. « Les panneaux bifaciaux apportent plus d’énergie par unité de surface, mais peuvent aussi avoir un impact sur la croissance de la vigne, ce qu’on veut vérifier dans le cadre du programme Sun’Agri. Comme ils sont montés sur des trackers, il serait tout à fait possible de modifier les lois de pilotage pour continuer à s’adapter aux réactions de la plante tout en maximisant la production énergétique », explique Gilles Goaer, directeur R&D de Photowatt. Autre atout, ils sont équipés de la technologie Crystal Advanced® récemment développée par Photowatt, qui offre un « bilan carbone 30% inférieur par rapport à la concurrence », souligne Gilles Goaer.