L'info du mois
Les communes, au cœur des projets énergétiques
Le congrès de l’Association des maires ruraux de France, qui s’est tenu à L’Alpe-d’Huez (Isère) les 29 septembre et 1er octobre 2023, a été l’occasion de présenter les conclusions du grand atelier pour la transition écologique. Des propositions concrètes ont été formulées pour accompagner le déploiement des énergies renouvelables.
« De février à juillet 2023, une centaine de maires – ou adjoints – de communes rurales se sont réunis à quatre reprises pour travailler sur la transition écologique », raconte Fanny Lacroix, maire de Châtel-en-Trièves (Isère) et vice-présidente de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), en charge de la transition écologique. Formation sur les enjeux climatiques, échanges sur les initiatives réussies de communes rurales et formulation de propositions et de positions politiques portées par l’AMRF étaient au programme.
« Concernant la transition énergétique, nous étions en plein dans l’actualité avec l’adoption de la loi sur l’accélération des énergies renouvelables en mars, rappelle l’élue. Il y est acté qu’après consultation avec les habitants, les maires doivent faire remonter aux préfets les zones dans lesquelles il est possible de développer les projets. Nous avons bien conscience que le développement de l’éolien et du solaire d’ici 2030 se fera surtout dans les territoires ruraux. L’idée de ce grand atelier est donc de donner un cadre à cette croissance. »
Trois conclusions principales
La sobriété
« Faire le plus possible avec peu, c’est la première chose. Les maires ruraux ont l’habitude de fonctionner ainsi, comme quand ils favorisent l’émergence de circuits courts entre producteurs et consommateurs. Nous voulons porter ce message pour ne pas alimenter une fuite en avant vers toujours plus de consommation des ressources, explique Fanny Lacroix. Car nous connaissons les vraies richesses que sont nos forêts, nos cultures, nos rivières, nos plans d’eau, notre biodiversité. Préservons-les ! »
Être acteur de la planification nationale énergétique
« Nous souhaitons aussi être partie prenante dans la planification nationale énergétique pilotée par l’État, précise Fanny Lacroix. La vision opérationnelle de planification à l’échelle du territoire, compétence des communes, peut se concrétiser par la réalisation d’un plan local de l’énergie communal ou un schéma directeur des énergies renouvelables qui définira le choix énergétique de chaque territoire, selon ses ressources locales. »
S’intégrer à un réseau national
« Comme cela a été dit lors du congrès, nous sommes d’accord pour voir des éoliennes dans nos campagnes, mais nous voulons aussi des boulangeries, des écoles et des médecins, insiste Fanny Lacroix. Nous ne sommes pas que des territoires servant des zones urbaines. Un meilleur partage des retombées économiques et fiscales entre les collectivités des projets doit permettre de financer de nouveaux services pour les habitants comme une maison de santé, une cuisine centrale pour transformer les produits locaux et organiser le portage de repas pour les enfants et les aînés, l’aide à la réhabilitation des logements… Une contrepartie locale favorisera l’acceptabilité des projets. On doit redonner à la zone rurale sa juste place. La transition énergétique doit être un pacte républicain entre les territoires. »
Les participants ont formulé de nombreuses autres propositions pour relever le défi du développement des énergies renouvelables : former les élus locaux, disposer d’un expert au niveau départemental pour accompagner l’élu sur toute la vie de son projet, « souvent seul avec un ou une secrétaire de mairie, à porter les projets dans les petites communes », souligne l’élue. Mais aussi créer un droit de préemption sur les terrains pour porter des projets énergétiques, intégrer le citoyen aux projets… Gageons que les membres du gouvernement présents au congrès auront entendu ces propositions.