Le tour de la question
Le gaz naturel véhicule, un carburant qui monte en puissance
Le GNV et le bio-GNV connaissent un véritable essor comme carburants, notamment grâce à leurs avantages écologiques. Un débouché supplémentaire pour le gaz issu de la méthanisation agricole.
Le GNV et le bio-GNV, kezako ?
Le gaz naturel véhicule (GNV) est du gaz utilisé comme carburant et constitué à plus de 96 % de méthane de source fossile. Le bio-GNV, c’est la version « verte » du GNV. Il est issu de la méthanisation d’effluents d’élevage, de déchets organiques, de résidus agricoles, de boues de stations d’épuration… Chimiquement, il est équivalent au GNV, et chacun se présente sous forme gazeuse, appelée gaz naturel comprimé (GNC ou bio-GNC), ou liquide, appelée gaz naturel liquéfié (GNL ou bio-GNL). En France, ce sont les véhicules lourds (camions, bus) qui utilisent le plus du GNV, mais de plus en plus de véhicules légers y recourent également. Des objectifs ambitieux d’utilisation de ces carburants sont inscrits dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) : en 2023, 3 % des poids lourds rouleront au GNV et 20 % du GNV sera du bio-GNV. Pour 2030, le but est d’atteindre plus de 340 000 véhicules qui utilisent du GNV, contre 20 000 aujourd’hui.
Quels sont leurs avantages ?
Des carburants écologiques
Pour Gilles Durand, secrétaire général de l’Association française du gaz naturel véhicule (AFGNV), « le GNV permet d’améliorer la qualité de l’air puisque les concentrations de particules fines sont quasiment nulles par rapport à la norme Euro VI (-95 %) et les émissions d’oxyde d’azote (NOx) sont réduites de moitié par rapport à un véhicule diesel de même génération. » Ces chiffres sont confirmés par Pascal Megevand, transporteur routier et à l’initiative du Projet Équilibre, qui a comparé les émissions de NOx de douze poids lourds diesel et GNV en situation réelle d’exploitation pendant deux ans : « Le résultat est sans appel, le GNV émet 40 à 64 % de NOx en moins qu’un diesel. » Conséquence : les véhicules roulant au GNV ou au bio-GNV sont classés en catégorie 1 pour les vignettes Crit’Air, ce qui permet notamment de circuler dans les zones à faibles émissions (ZFE) ou en cas de pic de pollution. Concernant les émissions de CO2, elles sont réduites de 25 % avec le GNV par rapport à un véhicule essence, et de 15 % par rapport à un diesel. « Un véhicule léger qui roule au bio-GNV émet 85 % de CO2 en moins qu’un véhicule diesel en considérant le cycle de vie du carburant, explique François Dedieu, expert mobilité gaz, parce que le CO2 libéré à l’échappement est quasiment compensé par celui absorbé par les végétaux méthanisés. » Et c’est là, la vraie différence entre GNV et bio-GNV.
Des carburants économiques
Selon Gilles Durand, grâce à un tarif à la pompe intéressant, « le prix de revient kilométrique des véhicules légers GNV est 30 % moins cher que celui des véhicules diesel et 50 % moins cher que celui des véhicules essence ». Par ailleurs, certains territoires (Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Métropole de Grenoble…) offrent des aides financières pour investir dans des véhicules GNV, plus chers à l’achat.
Des carburants pratiques, sans bruit et sans odeur
Le GNV permet une autonomie d’environ 500 km et est disponible sur une large gamme de véhicules (voiture, bus, camions…). « Les moteurs GNV ou bio-GNV émettent zéro odeur, zéro fumée et sont deux fois moins bruyants qu’un moteur diesel, pour une meilleure qualité de vie des chauffeurs et des riverains », ajoute Gilles Durand.
Quelle est l’évolution du marché pour le GNV ?
« Le marché pour les véhicules GNV est en plein boom, selon Gilles Baustert, responsable communication chez le constructeur Scania. Ils seront bientôt indispensables pour rentrer dans les villes qui sont de plus en plus nombreuses à vouloir réduire les émissions de polluants atmosphériques et le bruit. » Le bio-GNV a donc un boulevard devant lui avec la forte dynamique de développement des unités de méthanisation. Antoine Jabet, analyste chez GRDF rappelle que « fin 2014, six sites injectaient du biométhane sur le réseau français, contre cent aujourd’hui auxquels s’ajoutent mille projets. » Pour le transporteur routier, Pascal Megevand, « c’est le nombre de points d’avitaillement qui feront le développement du GNV. » Gilles Durand de l’AFGNV note qu’il faudrait 1 700 stations (contre 250 aujourd’hui) pour alimenter les 2 millions de véhicules légers et véhicules utilitaires légers qui rouleraient au GNV en 2035, selon la prévision de la Plateforme automobile.
Le GNV en chiffres
- 20 000 véhicules GNV en France
- 26 millions de véhicules GNV dans le monde
- 250 stations publiques seront ouvertes en 2020 en France, qui s’ajoutent aux 300 stations privées installées chez les principaux utilisateurs de flottes au GNV (exploitants de bus, transporteurs routiers, collectivités locales…).