Entretien

Le biofioul avec 30 % d’huile végétale arrive sur le marché

Au 1er juillet 2022, l’installation de chaudières au fioul 100 % fossile sera interdite et le biofioul (intégrant jusqu’à 30 % d’ester méthylique d’acides gras) arrivera sur le marché. Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C), précise les contours de cette évolution.

PAR AUDE FABRE - JUIN 2022
Frédéric Plan, délégué général de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C). ©FF3C

Qu’est-ce qui change le 1er juillet ?

L’utilisation d’un fioul domestique 100 % fossile pour les chaudières neuves sera interdite. Plus précisément, le changement concerne tous les devis d’installation de nouvelle chaudière à fioul signés à partir du 1er juillet 2022. Cette interdiction, actée dans un décret publié le 6 janvier 2022 (1), a accéléré le projet de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C), initialement prévu en 2024. Jusqu’à maintenant, le fioul domestique pouvait incorporer de 5 à 7 % d’ester méthylique d’acide gras (EMAG) de colza. Au 1er juillet, un nouveau biocombustible liquide, appelé F30, permettra d’atteindre jusqu’à 30 % d’incorporation d’EMAG.

Pourquoi souhaitez-vous privilégier l’EMAG issu du colza ?

Après de nombreux échanges avec les acteurs agricoles, nous pensons que l’EMAG issu du colza a de grands avantages, comme sa tenue au froid (-15 °C), sa stabilité au stockage et son origine française. Pour les agriculteurs, cultiver du colza permet d’allonger les rotations et donc de réduire la pression des bioagresseurs. Et si l’huile est utilisée en biofioul, les coproduits que sont les tourteaux alimentent le bétail en protéines d’origine française et permettent de se libérer des importations actuellement importantes. Ainsi, même si l’huile est destinée à un usage non alimentaire, les protéines végétales françaises sont valorisées par la filière animale. Produire de l’huile à destination du biofioul ouvre aussi un nouveau débouché prometteur aux agriculteurs.

Cette mutation engendre-t-elle un surcoût pour les clients ?

Les chaudières à fioul déjà en place n’ont pas besoin d’être remplacées, les clients peuvent librement opter pour du biofioul (fioul domestique + 30 % d’esther méthylique), mais il est nécessaire de changer les brûleurs pour les rendre compatibles au F30, ce qui représente un coût d’environ 800 à 1 000 €. Le biofioul revient également plus cher au litre que le fioul mais, pour pallier ce surcoût, la taxation du F30 sera, nous l’espérons, modulée dans la loi de finance rectificative à paraître en juillet 2022. Nous croyons à la modulation de la taxation, car cela répondra aux préoccupations actuelles des Français sur le pouvoir d’achat. Par ailleurs, l’installation d’une nouvelle chaudière au biofioul permet une économie de consommation de 25 à 30 % par rapport à une chaudière d’il y a vint-cinq ans (durée moyenne usuelle de conservation d’un équipement).

Quel est le potentiel d’utilisation de ce biofioul ?

Aujourd’hui, le parc français compte 3,2 millions de chaudières au fioul. Ce parc diminue de 5 % par an mais la baisse tend à se réduire car, en zone rurale, les options pour se chauffer restent limitées : fioul, électricité ou bois. Ainsi, sachant que la durée de vie d’une chaudière est de vingt-cinq ans, le renouvellement des chaudières entraînerait un besoin de 50 000 tonnes d’ester méthylique en 2025. Il faut également ajouter les besoins liés aux chaudières qui seront converties. Mais le taux de conversion des chaudières (changement de brûleur) est impossible à estimer car il dépendra de la taxation du biofioul.
À terme, l’utilisation de fioul fossile sera totalement déconseillée, car trop émetteur de CO2. Nous travaillons déjà à un biofioul intégrant 50 % d’ester méthylique qui devrait être possible techniquement dès 2023. La transition énergétique doit être progressive et avec de multiples solutions alternatives pour accompagner chacun.

(1) Le décret , qui entre en vigueur le 1er juillet 2022, interdit l’installation, dans tous les bâtiments, d’appareils de production de chauffage et d’eau chaude sanitaire dont les émissions de gaz à effet de serre sont supérieures ou égales à 300 g CO2eq/kWh PCI. Ainsi, l’installation d’une chaudière neuve fonctionnant au fioul domestique 100 % fossile ne sera plus possible.

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