L’agriculture de conservation des sols stocke du carbone

L’agriculture de conservation des sols (ACS) repose sur trois grandes pratiques agronomiques :

– la couverture permanente des sols. Elle conduit à laisser sur place les résidus de cultures et/ou à semer des couverts végétaux entre deux cultures principales. Ces couverts permettent d’alimenter la biodiversité du sol, de l’aérer par leurs racines, de stocker des éléments nutritifs, de conserver l’humidité du sol et d’éviter les phénomènes d’érosion. Les adventices sont aussi concurrencées par le couvert et donc moins présentes ;

– la diversité végétale en rotation et dans les couverts. Introduire de nouvelles cultures dans la rotation (soja, pois, féverole, tournesol, lin…) développe la biodiversité et améliore la fertilité du sol, notamment grâce aux légumineuses qui captent l’azote de l’air. En limitant le phénomène de résistance aux désherbants et la pression de certaines maladies et ravageurs, le recours aux intrants chimiques est réduit ;

– le non-travail du sol. Le seul outil en contact avec le sol est l’élément semeur du semoir. « L’objectif est de conserver un milieu “sol” le plus stable possible sachant que les micro-organismes peuvent être très sensibles à une modification de luminosité, d’humidité ou de température », précise l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad). Il en découle une réduction du temps de travail et de la consommation d’énergie fossile par hectare par rapport à une conduite conventionnelle avec travail du sol.

Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), l’ACS, qui requiert une grande maîtrise technique, est aujourd’hui pratiquée par 2 % des agriculteurs français.

40 à 60 % de carburant en moins

Selon l’Apad, les agriculteurs en ACS voient leurs consommations de carburant diminuer de 40 à 60 % par rapport à une conduite conventionnelle. Les émissions de CO₂ diminuent, elles, de 83 %, grâce au non-travail du sol et à la réduction de la consommation de fuel.

Par ailleurs, l’augmentation de l’activité biologique dans les sols permet une baisse des émissions de N₂O (protoxyde d’azote) et de CH₄ (méthane), deux puissants gaz à effet de serre, après quelques années d’ACS. Dans le cas du N₂O, une baisse d’émission pouvant atteindre 40 % par rapport à du labour a été relevée dans des systèmes en ACS avec beaucoup de recul aux États-Unis.

Concernant le carbone, cette conduite (et surtout la présence de résidus de culture ou de couverts végétaux) permet de stocker jusqu’à 1,1 tonne de carbone par hectare et par an chez les agriculteurs en ACS suivis par l’institut technique Arvalis. L’Inrae a également démontré « un stockage de carbone nettement plus élevé en agriculture de conservation des sols, avec 0,5 tC/ha/an stocké en plus par rapport à l’agriculture conventionnelle ».