La microméthanisation : une solution adaptée aux petites exploitations

Si la méthanisation connaît un fort développement en France, elle concerne en majorité de grandes unités notamment dédiées à l’injection de biométhane dans le réseau. Plus simples à installer et à exploiter, les unités de microméthanisation sont quant à elles de petite taille, pour des puissances inférieures à 100 kW. Elles sont généralement en mesure de traiter entre 500 et 6 000 tonnes de déchets solides par an et entre 200.m³ et 20 000 m³ d’effluents liquides. Ces unités sont d’ailleurs proposées sous la forme de modules, ce qui leur permet de s’adapter à la production d’effluents des petites exploitations agricoles. Créée en 2015 et basée à Rennes, l’entreprise Enerpro Biogaz est spécialisée dans la conception et l’installation de microméthaniseurs. Si l’entreprise ne compte qu’une dizaine de réalisations, elle reçoit de plus en de sollicitations, en particulier d’exploitants souhaitant valoriser leurs déchets (lisiers, fumiers, effluents de transformation…). Toutefois, Enerpro Biogaz ne propose pas de solution permettant d’injecter du biométhane. Ce type d’installation nécessite souvent de constituer un groupement d’agriculteurs pour apporter les gisements nécessaires et partager le coût des installations, de l’ordre de quelques millions d’euros. « Ce système exclut les installations à la ferme, sauf cas exceptionnel, d’autant que celles-ci sont parfois éloignées du réseau gaz. En outre, plus le projet est important et plus les agriculteurs sont dépendants de multiples acteurs : industriels, financiers, exploitants partenaires, etc. L’installation doit être calibrée et elle nécessite une surveillance particulièrement lourde. Par ailleurs, les grandes unités de méthanisation sont faiblement évolutives. Elles sont conçues autour d’un grand réacteur de méthanisation à capacité fixe. Notre constat, c’est que beaucoup d’agriculteurs n’ont pas accès à la méthanisation, faute de solution technique », explique Alexandre Bougeant, gérant d’Enerpro Biogaz.

Autonomie et indépendance

La microméthanisation offre avant tout aux agriculteurs disposant d’un gisement d’au moins 500 tonnes par an, la possibilité de réduire leur facture énergétique. L’autoconsommation peut alors concerner le biogaz, mais selon Enerpro, elle est plus avantageuse en termes de chaleur, pour sécher le foin, et via l’utilisation d’une chaudière à gaz, pour chauffer un bâtiment, de l’eau de nettoyage ou de rinçage, etc. Néanmoins, la modularité des unités permet d’installer de plus gros méthaniseurs lorsque les effluents sont suffisamment importants. La solution consiste alors à brûler le gaz dans un moteur de cogénération produisant de la chaleur et de l’électricité. Cette dernière est injectée dans le réseau et vendue à EDF dans le cadre d’un contrat sécurisé sur 20 ans. Enerpro propose de son côté des cogénérateurs d’une puissance comprise entre 7 et 100 kW électriques. « En matière de cogénération, le business model repose sur une production d’effluents de l’ordre de plusieurs milliers de tonnes par an. À ce titre, il faut prendre en considération la puissance énergétique intrinsèque des différents gisements. Les lisiers de porc ou de vache, par exemple, ne produisent pas la même quantité d’énergie », précise Alexandre Bougeant. Enerpro Biogaz propose ainsi des solutions clé en mains, adaptées et permettant aux exploitants de rester autonomes, même si dans le cas d’un système de cogénération, ceux-ci devront souscrire un contrat spécifique pour la maintenance du moteur. Pour le reste, Enerpro Biogaz assure la formation de tous ses clients sur les questions d’usage et d’entretien des équipements. « L’avantage de la microméthanisation, c’est qu’elle permet aux agriculteurs de tendre vers l’indépendance. Nous proposons une technologie très accessible et contrairement aux unités classiques, nos solutions peuvent être autofinancées. En outre, elles sont évolutives. Un agriculteur peut accroître sa production en ajoutant facilement un module adapté. Nous croyons d’ailleurs beaucoup au développement des stations GNV dans le transport, pour valoriser le biogaz produit dans les fermes..»