Stratégie
La microméthanisation a tout pour plaire
La coopérative Prospérité fermière basée à Arras propose à ses adhérents d’investir dans une micro-unité de méthanisation vendue par Biolectric. Valorisation des lisiers, revenu complémentaire, réduction des émissions de méthane et d’odeurs… de multiples bénéfices sont à la clé.
Le 18 février prochain, une trentaine d’éleveurs laitiers partiront en voyage d’étude visiter plusieurs exploitations qui ont installé des microméthaniseurs d’une puissance de 11 à 74 kW. Organisées par leur coopérative Prospérité fermière, basée à Arras, et la société belge Biolectric, ces visites leur permettront de découvrir de plus près la machine qui pourrait bientôt trôner dans la cour de leur ferme. « Beaucoup de nos adhérents sont intéressés par cette solution, confirme David Lemaire, responsable agrofournitures au sein de la coopérative. Pour notre structure, la microméthanisation, c’est l’avenir, car elle valorise les déchets de l’exploitation tout en assurant un revenu complémentaire à l’éleveur. Par ailleurs, ce dernier reste autonome et son métier n’est pas dénaturé. »
Investir 180 000 € pour 22 kW
Concrètement, le lisier est transféré automatiquement vers le digesteur chaque jour. « Il faut compter environ 2.000.m3/an pour alimenter un microméthaniseur de 22 kW, soit les effluents de 75 vaches laitières », précise David Lemaire. En ne stockant plus le lisier en plein air, les émissions de méthane sont réduites de 90 % et les odeurs disparaissent. Avantage non négligeable vis-à-vis du voisinage. « Le but, c’est que les effluents liquides de l’élevage suffisent à alimenter le digesteur sans avoir à acheter d’intrants extérieurs dont le prix est variable », précise David Lemaire. Le digestat ainsi produit et épandu permet de réduire l’apport des engrais chimiques. D’un point de vue financier, il faut investir environ 180 000 € pour une unité de 22 kW. « Le revenu annuel offert par la vente d’électricité est dans ce cas estimé à 30 000 €, compte David Lemaire. Même s’il faut déduire les frais d’assurance, les frais financiers liés au prêt ainsi que le coût du contrat de maintenance, que nous conseillons de prendre auprès de Biolectric, le revenu reste intéressant et permet d’amortir l’investissement en sept ou huit ans. » La chaleur émise par l’unité peut également être récupérée pour chauffer la maison ou le ballon d’eau chaude de l’exploitation s’ils sont situés à proximité.
Accompagnement dans les démarches
« Pour faciliter les tâches administratives des agriculteurs, nous les accompagnons avec Oxygen conseil élevage pour monter le permis de construire, détaille le responsable agrofournitures. Nous soutenons également leur dossier auprès des banques. » L’agriculteur n’a ensuite qu’à prévoir une dalle en béton pour réceptionner l’unité. « La machine arrive sur un camion et trois jours suffisent pour la monter », précise-t-il. Dans la gestion quotidienne, l’éleveur devra consacrer une vingtaine de minutes par jour pour vérifier le bon fonctionnement de l’installation. « Nous souhaitons que ce projet soit accessible au plus grand nombre, à condition d’avoir du lisier qui s’adapte au digesteur. » Pour vérifier cela, une étude de faisabilité est réalisée par la coopérative et Biolectric. Depuis que cette offre est proposée, une unité a été vendue et une autre devrait l’être prochainement. Nul doute que le voyage d’étude en convaincra de nouveaux.