Stratégie
Fermes de Figeac : comment la coopérative agricole a développé les énergies renouvelables
Photovoltaïque, éolien, méthanisation, bois-énergie. Depuis un peu plus de dix ans, ce groupement d’agriculteurs du Lot, refusant le déclin, valorise collectivement les ressources présentes sur son territoire et crée ainsi un nouveau modèle économique.
L’histoire commence dans les années 2000. La coopérative agricole Fermes de Figeac, qui regroupe 400 adhérents, existe depuis 1985 et la question de la pertinence du maintien de la structure se pose. « Nous sommes dans une région d’élevage, traversée par les crises. Les agriculteurs s’interrogeaient sur l’avenir de leur exploitation, sur la façon de maintenir un dynamisme », raconte Laurent Causse, responsable du service énergies renouvelables. En 2006, une délégation part en voyage en Allemagne pour découvrir les installations d’énergies renouvelables. « Si nous avons vite compris l’opportunité que pouvait représenter le photovoltaïque, il était évident que c’était impensable économiquement pour les adhérents de s’équiper seuls », poursuit Laurent Causse.
Un Smic de revenu mensuel
En 2008, la coopérative propose à ses adhérents une démarche mutualisée pour surmonter cet obstacle financier. Une structure dédiée, la Ségala agriculture et énergie solaire (SAES), est créée. 105 agriculteurs empruntent chacun de leur côté un montant global de 7 millions d’euros pour réunir les fonds propres. L’idée ? « Qu’ils soient tous propriétaires en investissant à titre personnel et proportionnellement à la surface disponible sur leurs bâtiments. » La SAES emprunte le reste, 34 millions d’euros, et équipe 200 bâtiments agricoles. « C’était le bon moment, grâce aux contrats d’obligation d’achat. La structure rembourse aux agriculteurs, à la fois bailleurs et actionnaires, les sommes investies sous la forme d’un loyer et de dividendes, qui correspondent en moyenne à un Smic mensuel par agriculteur sur vingt ans. » Si Laurent Causse estime que le projet serait difficile à refaire tel quel aujourd’hui (contexte et tarifs d’achats différents), l’important, dans ce genre d’initiative, est que « les acteurs soient capables de travailler ensemble ». Le reste des gains a été réinvesti, petit à petit, dans d’autres projets. La coopérative participe ainsi, en 2015, avec le développeur Valorem, à la création d’un parc éolien. « L’objectif était qu’une partie des retombées économiques reste sur le territoire. Nous avons donc créé une structure dédiée pour porter la participation territoriale. 2 millions d’euros, c’est-à-dire 37 % du capital total, ont été levés auprès des habitants et des agriculteurs. »
15 salariés
Côté méthanisation, la méthode suivie pour le photovoltaïque a été appliquée à plus petite échelle. Quatre projets sont en cours. Une petite quarantaine d’agriculteurs ont créé quatre SAS pour mutualiser le développement (études techniques, négociation des prix, assurances, financements…). « Si les cautions bancaires ont été plus faciles à obtenir grâce à l’existence des projets précédents, d’autres difficultés se sont posées, car il y a eu des recours, mais aussi parce que cela demande d’importantes modifications dans les pratiques culturales de nos adhérents qui sont, de fait, montés en compétence. » Aujourd’hui, le service énergie de la coopérative emploie 15 salariés qui œuvrent au déploiement des différents projets, parmi lesquels une filière bois-énergie. « Notre modèle prouve que les énergies vertes peuvent permettre de maintenir une agriculture familiale. La coopérative agricole s’est transformée en coopérative de territoire », conclut Laurent Causse.
Quelques chiffres
- Photovoltaïque : 528 bâtiments équipés (13,9 MW), avec 284 agriculteurs dans la démarche.
- Eolien : 7 éoliennes (14 MW). 2 millions d’euros d’investissement participatif (180 habitants et 110 agriculteurs).
- Méthanisation : 4 projets en cours (trois de 500 kWe, une de 200 kWe), 35 agriculteurs.
- Bois-énergie : 10 chaufferies de 100 kW et une de 700 kW.