Entretien
Essaimer les projets photovoltaïques sur un territoire
En Haute-Savoie, la société coopérative d’intérêt collectif La Solaire du Lac cherche à accélérer la transition énergétique du bassin annécien. Déjà propriétaire de huit centrales solaires, elle met désormais en place des groupes locaux pour essaimer davantage d’installations. Explications avec Valériane Cabrera, sa responsable communication.
Quand est née La Solaire du Lac ?
La démarche a été initiée en 2017, sous l’impulsion d’un groupe d’investisseurs, Les Cigales. Ce dernier manquait de projets sur le territoire annécien. Il a donc décidé de monter lui-même un petit collectif citoyen de production d’énergie renouvelable. L’association La Solaire du Lac, elle, a été créée en 2018, suite à deux réunions publiques. Elle a été transformée en société coopérative d’intérêt collectif (Scic) en 2019, une fois la première installation solaire confirmée. Aujourd’hui, la Scic compte 170 coopérateurs – des citoyens, quelques entreprises, la ville d’Annecy, le Grand Annecy, la ville de Faverges et la commune de Sâles – et elle détient huit installations photovoltaïques en toiture, réparties sur quatre communes, pour une puissance totale de 392 kW. L’électricité produite est vendue à EDF OA et à Enercoop.
Quel est le mode de fonctionnement de la Scic ?
Les coopérateurs souscrivent des parts sociales (100 € l’unité) et participent à la gouvernance. Dans le cadre des statuts de la Scic, chacun dispose d’une voix pour les prises de décision, quel que soit le nombre de parts qu’il détient. Les statuts de la Scic nous imposent également de maintenir 57,5 % de nos bénéfices dans une réserve impartageable qui est utilisée pour toutes les actions que nous mettons en place. Actuellement, nous ne disposons pas de suffisamment d’installations pour verser des dividendes aux coopérateurs. Tous les bénéfices sont réinvestis, après un vote en assemblée générale, dans la construction de nouvelles centrales et des actions de sensibilisation à la sobriété énergétique.
Comment sont développés les projets ?
Pour le premier projet, nous avons récupéré une installation défectueuse. Les trois centrales suivantes ont été installées en grappe et en partenariat avec la ville d’Annecy qui avait mis à disposition une vingtaine de toitures. Nous avons ensuite développé nos projets en fonction des opportunités et des rencontres. Aujourd’hui, nous sommes régulièrement contactés par des personnes qui ont des toitures disponibles et qui souhaitent soutenir notre démarche. La surface minimum permettant la viabilité économique de notre modèle est de 200 m² de panneaux photovoltaïques.
Nous recevons un certain nombre de demandes, notamment de copropriétés. La Scic s’occupe en effet des projets de A à Z : financement des études, achat des panneaux (toujours européens) et du matériel, suivi des travaux, entretien, maintenance, etc. Nous louons les toitures – pour un montant symbolique – pendant la durée du contrat avec les fournisseurs, c’est-à-dire vingt ans. Durant cette période, nous restons propriétaires des centrales, puis nous les céderons aux propriétaires des toits qui pourront ensuite autoconsommer ou revendre l’électricité produite.
De quelle manière comptez-vous essaimer davantage de centrales ?
En avril dernier, nous avons inauguré notre huitième centrale, installée sur l’extension du groupe scolaire de Sâles. La commune a soutenu le projet en acquérant 22 parts sociales. Nous en avons profité pour créer un groupe local. Composé de cinq coopérateurs, celui-ci est en relation avec la mairie qui gère l’école. Son rôle est opérationnel : actions de sensibilisation, levée de fonds, suivi de l’installation, etc. Cela nous permet de travailler au plus près des projets sans avoir à nous déplacer. Un deuxième groupe local est d’ailleurs en cours de création. Il porte un nouveau projet de centrale sur l’école de Fillière. Les travaux sont prévus en février 2025 pour une mise en service en avril.
Comptez-vous monter des projets en autoconsommation ?
Nous avons commencé à travailler sur des projets en autoconsommation collective, notamment avec la commune de Sâles, mais le tarif d’achat que nous pouvions proposer n’était pas suffisamment compétitif par rapport au tarif de son fournisseur d’électricité. Le modèle économique n’était pas favorable. Néanmoins, nous sommes prêts. Dès que le modèle économique sera plus intéressant, nous pourrons passer à l’autoconsommation.