Le tour de la question
Entrée timide du biofioul F30 sur le marché du chauffage domestique
Un an après l’autorisation de mise sur le marché du biofioul F30, issu du colza, à la place du fioul domestique, la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage dresse un premier bilan.
Depuis le 1er juillet 2022, toutes les chaudières neuves installées doivent pouvoir fonctionner avec le biocombustible liquide de type biofioul F30, contenant 30 % d’huile de colza et répondant à l’exigence du plafond d’émissions de CO₂ fixé par la réglementation. Il est aussi possible d’utiliser le F30 pour faire fonctionner les matériels mis en service avant le 1er juillet 2022, moyennant un changement de brûleur et une modification sur la ligne d’injection. « C’est un investissement relativement faible, moins de 1 000 €, souligne ainsi Éric Layly président du syndicat FF3C (Fédération française des combustibles, carburants et chauffage). Encore faut-il que le biofioul ne soit pas plus cher que le fioul domestique, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. »
Le prix du biofioul
Car le biofioul est environ 15 % plus cher que le fioul, soit une vingtaine de centimes de plus par litre. Cet écart explique en partie le démarrage au ralenti depuis un an de la filière biofioul sur le marché du chauffage domestique. Selon la FF3C, 5 000 m³ de F30 ont été commercialisés, sur un marché de 5 millions de m³. Cela représente la production d’huile de 1 500 à 3 000 hectares de colza, selon le syndicat. « Les ventes sont assez modestes », convient Éric Layly. Les futurs volumes dépendent du nombre de nouvelles installations de chaudières, qui pourraient représenter une consommation d’environ 15 000 m³/an, et des adaptations apportées au parc existant. Pour compenser le prix du biofioul encore supérieur au fioul domestique, la FF3C « mène une action auprès des pouvoirs publics pour mettre en place une incitation fiscale », précise son président.
Le biofioul a vocation à s’implanter dans les territoires ruraux et périurbains, où les alternatives sont peu nombreuses. En effet, les réseaux de chaleur ou de gaz ne desservent pas toujours ces territoires, et leur réseau de distribution d’électricité n’est pas forcément suffisant. Dans ce contexte, le syndicat FF3C souligne que « les solutions hybrides, comme les pompes à chaleur hybrides associées au biofioul, méritent d’être mieux promues et soutenues, d’autant qu’elles sont parfaitement adaptées aux zones où le climat est le plus rigoureux ».
Bientôt du F55 et du F100
D’ici à 2025-2026, l’objectif est de mettre sur le marché du F55 (55 % de carburant issu du colza), puis du F100 (100 % de carburant issu du colza) après 2030. « Des tests techniques sont en cours afin de vérifier la compatibilité des chaudières F30 avec un futur F100, précise le syndicat. Le biofioul F30 n’est qu’une première étape. Les acteurs du biofioul se tiennent d’ores et déjà prêts à envisager une accélération de la trajectoire vers le F100, biocombustible intégralement renouvelable. »