Retour d'expérience
Enerfées, une unité de méthanisation qui se veut durable
À Janzé, non loin de Rennes, Énerfées est le fruit d’une concertation large. L’unité, qui essaye d’être la plus vertueuse possible, n’utilise pas de cultures principales. Les agriculteurs sont accompagnés sur la conduite de leurs cultures intermédiaires et sur l’utilisation du digestat.
Presque deux ans. Si l’unité de méthanisation Énerfées, à Janzé (Ille-et-Vilaine), a été inaugurée en juin 2024, elle est en fonctionnement depuis février 2023. Son ambition dès le départ : être la plus vertueuse possible sur le plan environnemental. « Un gros travail a été fait en ce sens dès les premières discussions entre agriculteurs et aussi avec la collectivité (Roche aux fées communauté), puis les acteurs ont signé la charte de la méthanisation durable en Ille-et-Vilaine, publiée par le syndicat départemental (SDE35) », développe Charles de la Monneraye, chargé de développement gaz vert à Énerg’IV, la société d’économie mixte du SDE35, qui est entrée au capital d’Énerfées.
85 % de lisier et fumier
L’idée notamment : éviter que la méthanisation détourne les cultures alimentaires. « La réglementation nationale prévoit un seuil de 15 % maximum de cultures principales dans la ration utilisée par les méthaniseurs. La charte parle de 10 % et dans l’unité de Janzé, c’est 0 % ou presque. Certains fonds de silos qui ne peuvent être utilisés en alimentation principale ont par exemple été intégrés, mais ça ne représente quasiment rien », poursuit le chargé de développement. Sur la première année d’exploitation, les intrants se sont répartis ainsi : 85 % de lisier et fumier, 10 % de cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), 1 % de drêches de brasserie, 1 % de lactosérum (pour faire un essai) et 3 % de déchets végétaux.
Au quotidien, pour les agriculteurs, le travail a changé, explique Roger Moriceau, président d’Énerfées, dont l’exploitation a été reprise il y a cinq ans par ses fils : « Avant, il fallait aller chercher la remorque à la Cuma pour la remplir de notre fumier de volaille et ensuite l’épandre aux champs. Désormais, on n’a plus qu’à charger un caisson avec tout ce que contient le poulailler, et il part en direction de l’unité de méthanisation. Un gain de temps, d’argent et donc d’efficacité non négligeable ! »
Accompagnement agronomique
Les agriculteurs sont par ailleurs accompagnés par un ingénieur agronome spécialisé, Grégory Vrignaud, sur l’itinéraire cultural des Cive. « Elles sont semées à la bonne densité, afin qu’au moment de la fertilisation avec le digestat liquide, la Cive couvre bien le sol. L’objectif étant de n’apporter aucun engrais chimique ni de produit phytosanitaire, précise Roger Moriceau. Pour exemple, avec un colza, on va mettre 25 m3/ha de digestat, ni plus ni moins. » Un bilan sera fait d’ici quelques années pour voir à quel point l’utilisation du digestat aura permis de faire baisser le recours aux engrais chimiques.
Le digestat est récupéré à 80 % en liquide pour la fertilisation, et à 20 % en amendement pour les cultures. « C’est un produit stable et homogène, avantage non négligeable par rapport au fumier de volaille que l’on épandait avant. Ainsi, on a beaucoup moins de risques sanitaires (salmonelles, virus…) qui peuvent se développer. Nous effectuerons également un bilan sanitaire. Il produit aussi très peu d’odeurs comparé au fumier, ce qui est positif pour les voisins », ajoute Roger Moriceau.
En chiffres
55 agriculteurs.
75 000 tonnes d’intrants sur la première année d’exploitation.
33 GWh de production de biométhane injectés sur le réseau.
Capital d’Énerfées : SAS Terre de fées (les agriculteurs) à 60 %, Engie à 20 %, Roche aux fées communauté à 5 %, Energ’IV 5 %, SAS BreizhÉnergie (région Bretagne) à 10 %.