Échange hangar neuf contre exploitation des panneaux solaires

« Chaque année, nous développons une soixantaine de nouveaux projets de hangars photovoltaïques avec des agriculteurs de toute la France, pour un total d’environ 300 bâtiments aujourd’hui », compte Jean-Michel Carour, responsable commercial chez Nass&Wind. Le groupe breton, spécialisé dans le photovoltaïque depuis plus de vingt ans et basé à Lorient (Morbihan), monte des projets de A à Z depuis cinq ans avec des agriculteurs.

De l’étude à l’exploitation

Ces derniers font appel à lui lorsqu’ils souhaitent construire un hangar agricole nécessaire à leur activité sans forcément avoir le financement. « Nous réalisons alors une étude pour calculer la production électrique annuelle potentielle selon la surface de la toiture et le lieu du projet, explique Jean-Michel Carour. On vérifie aussi les conditions d’accès au réseau. Nous avons déjà monté des projets à plus de 250 mètres du réseau. Nous réalisons ensuite un business plan où nous estimons la rentabilité du projet, selon notamment le prix du hangar, le taux d’intérêt d’emprunt et le prix d’achat de l’électricité. »

Parfois, il faut une participation financière de l’agriculteur pour assurer la rentabilité du projet. Mais souvent (à partir de 1 500 m² de toiture), le hangar ne coûte rien à l’agriculteur et en échange, Nass&Wind exploite la production solaire du toit pendant 30 ans : 20 ans avec un tarif d’achat réglementé et 10 ans sur le marché libre. « Sont à la charge de l’agriculteur : le terrassement, le bardage et les gouttières, précise Jean-Michel Carour. Ensuite, nous gérons toutes les démarches administratives : dossier de permis de construire, demande de raccordement auprès d’Enedis et bail à construction signé avec l’agriculteur, propriétaire du terrain, chez un notaire. » Ces démarches administratives engendrent un délai de 2 à 2,5 ans entre la définition du projet et la livraison du hangar à l’agriculteur, et l’exploitation des panneaux par Nass&Wind.

Matériel et fourrage

Le bail a une durée de 30 ans. À l’issue de cette période, l’agriculteur devient propriétaire du hangar et peut continuer à percevoir le paiement de la vente d’électricité sur le marché libre. « Mais 30 ans, cela correspond à la durée de vie moyenne des panneaux solaires, qui sont recyclables à 99 %, souligne le responsable commercial, l’agriculteur est ensuite libre de les changer pour s’engager à nouveau avec un tarif d’achat réglementé [ndlr : sous réserve que ce dispositif existe encore dans 30 ans]. »

Côté assurances, Nass&Wind assure le bâtiment et l’agriculteur assure ce qu’il y a dessous. Si une tempête dégrade le hangar par exemple, l’assurance de Nass&Wind prendra en charge les frais. L’assureur de la société fixe quelques règles : le stockage du matériel ou de grains, l’élevage de bovins, ovins ou équins sont autorisés, et le stockage de fourrages ne doit pas dépasser 60 % de la surface du hangar. Les cuves de fioul ou l’élevage de volailles sont interdits.

Chez Jean-Yves Robin, agriculteur à Loudéac (Côtes-d’Armor), le hangar, composé d’une toiture bipente de 1 536 m², sert à stocker du matériel et du fourrage. La puissance installée de 320 kWc représente la consommation de 55 habitations. Le terrassement a donné du fil à retordre aux artisans pour installer ce hangar sur une butte. Pour tout mettre à plat, « il a fallu creuser parfois jusqu’à 4,50 m et terrasser sur 6 600 m² », explique l’agriculteur qui n’aurait pas monté ce projet seul. En revanche, « mon transformateur est tout près de la ligne pour la réinjection, il n’y a pas eu d’installations électriques supplémentaires. »