Stratégie
Du kérosène végétal
Global Bioenergies développe du bio-isobutène issu de résidus betteraviers pour les domaines de la cosmétique et des biocarburants. À horizon 2025, l’entreprise prévoit de produire quelques dizaines de milliers de tonnes pour le marché de l’aéronautique.
« Notre stratégie est dans une première étape de produire de petits volumes de bio-isobutène [lire encadré], qui sont ensuite convertis en dérivés destinés au marché de la cosmétique, avec une exploitation commerciale dès 2021, déclare Marc Delcourt, cofondateur et directeur général de Global Bioenergies. Dans une seconde étape, nous produirons de plus gros volumes pour le domaine des biocarburants. »
Dans le projet de loi de finances 2021, le gouvernement fixe un taux cible de 1 % pour l’incorporation de biocarburants durables dans les carburants aéronautiques (appelés carburéacteurs) et met en place un dispositif fiscal pour atteindre cet objectif. Global Bioenergies s’inscrit dans cet objectif en travaillant sur la production de biocarburant aéronautique à partir de sucre en 2025.
De la cosmétique aux biocarburants
« À ce jour, Global Bioenergies a produit, dans son unité pilote basée à Pomacle dans la Marne et dans son unité de démonstration à Leuna, en Allemagne, des quantités croissantes de bio-isobutène en utilisant notamment des sucres de bois et des résidus betteraviers », explique Marc Delcourt. Ce bio-isobutène a ensuite été converti en composés de haute performance pour la formulation de carburéacteurs. Les composés obtenus, identiques aux standards dérivés du pétrole, sont réputés pour leur forte densité énergétique et leur excellente résistance au froid.
« Sur la base des résultats de niveau de pureté, de profil d’impuretés et de courbe de distillation, les opérateurs aéronautiques (constructeurs d’avion et motoristes) nous ont encouragés à confirmer la répétabilité de ces résultats et à réaliser une liste réduite de tests fonctionnels de carburéacteurs contenant 10 % ou 50 % de nos composés d’origine renouvelable, afin de confirmer le comportement de ces mélanges en utilisation. Nous comptons leur présenter les résultats de ces tests additionnels dans les mois qui viennent », ajoute Bernard Chaud, directeur de la stratégie industrielle.
Le but est de « produire à très grande échelle ce kérosène durable dès 2025 afin de réduire drastiquement la quantité de CO2 émise par l’homme et de limiter ainsi le réchauffement climatique », relève-t-il.
En attendant, l’entreprise, basée dans l’Essonne, coordonne trois projets de recherche collaboratifs : le projet Isoprod qui repose sur l’utilisation de sucre issu de résidus betteraviers, le projet Rewofuel, basé sur l’utilisation de sucre de bois, et le projet Optisochem, focalisé sur l’utilisation de sucre de paille. Ces trois projets sont financés par des fonds publics français et européens et fédèrent de nombreux leaders industriels. De quoi diversifier les matières premières utilisables dans le procédé de fabrication et augmenter le nombre de marchés accessibles aux dérivés du bio-isobutène.
Le bio-isobutène
Le composé chimique “isobutène” est l’une des grandes briques élémentaires présentes notamment dans les carburants, la cosmétique ou les plastiques. Aujourd’hui, l’isobutène, qui n’est pas présent dans la nature, est fabriqué à partir de pétrole. Global Bioenergies le fabrique grâce à des bactéries qui transforment, dans des fermenteurs, le sucre issu d’amidon de blé déclassé, de résidus agricoles et forestiers ou de betteraves.