Le tour de la question

Du bois « hors forêt » pour alimenter les chaufferies

Si les plaquettes forestières restent largement majoritaires comme combustible, les gisements de bois hors forêt permettent de diversifier l’approvisionnement.

PAR AUDE FABRE - JUIN 2022
« Les gisements de bois hors-forêt représentent un enjeu important », selon la Fédération des services énergie environnement. ©Aude Fabre

La définition peut différer selon les acteurs mais, d’après la Fédération des services énergie environnement (Fedene), le bois hors forêt comprend toutes les catégories de combustibles bois, en dehors des plaquettes forestières, c’est-à-dire :
– les plaquettes bocagères ou agroforestières (haies, bosquets, vergers, etc.),
– les plaquettes paysagères (entretien des parcs et jardins, etc.),
– les résidus industriels (sous-produits issus de la transformation du bois comme les produits connexes de scierie),
– les bois en fin de vie (bois d’emballage après statut de sortie de déchet ou SSD).
« On peut également compter d’autres gisements en déchets de bois de type bois B » (déchets non dangereux, faiblement traités, peints ou vernis) », note Marie Descat, responsable du pôle chaleur et froid renouvelables et de récupération, et valorisation énergétique des déchets de la Fedene. Ces déchets correspondent aux bois d’ameublement (planches, contreplaqué…) et aux bois de démolition. « Ils sont valorisés dans des installations spécifiques dotées des filtrations ad hoc », précise-t-elle.

Approvisionnement diversifié

Dans sa grande étude prospective « Transitions 2050 » parue en novembre 2021, l’Ademe a évalué les tendances de consommation de ces différents combustibles. Quatre scénarios contrastés (S1, S2, S3 et S4) pour atteindre la neutralité carbone en France en 2050 ont été étudiés (1). Le graphique ci-dessous (2) présente la consommation de biomasse par combustible en 2017 et pour les différents scénarios à 2050. L’Ademe observe ainsi que le gisement de plaquettes forestières reste le plus disponible. Les différents scénarios reposent majoritairement sur cette ressource, même si son coût reste relativement élevé.
L’utilisation de la ressource « plaquettes bocagères ou agroforestières, plaquettes paysagères ligneuses et déchets verts » est en augmentation sur les différents scénarios. Il s’agit d’une ressource à faible coût et détenue majoritairement par les collectivités. L’utilisation des connexes des industries du bois repose sur des volumes globalement stables ou en légère augmentation sur les différents scénarios. Le surplus éventuel du gisement de connexes sera absorbé par le développement de la filière granulés. Les volumes des bois d’emballage restent globalement stables pour les différents scénarios. L’utilisation des déchets de bois, à travers une amélioration de la collecte, est en augmentation pour l’ensemble des scénarios. Celle des sous-produits agricoles reste à un niveau faible pour l’ensemble des scénarios. L’utilisation des sous-produits industriels est relativement stable dans S3 et S4. En revanche, elle est en nette augmentation dans S1 et S2, dans lesquels la consommation vers l’industrie est la plus importante. Enfin, l’utilisation des granulés est en augmentation sur l’ensemble des scénarios, avec un développement essentiellement sur les installations collectives de petite et moyenne puissance (globalement inférieure à 1 MW). L’utilisation du granulé reste marginale sur les installations de forte puissance.
Pour Marie Descat, « les gisements de bois hors forêt représentent un enjeu important car ils permettent de diversifier l’approvisionnement des chaufferies et de limiter la pression sur la ressource forestière ».

(1) Scénario tendanciel : croissance modérée de la chaleur biomasse énergie.
Scénario 1 (S1) : baisse de la demande énergétique globale mais doublement de la consommation de biomasse énergie.
Scénario 2 (S2) : le plus ambitieux pour le développement de la biomasse énergie.
Scénario 3 (S3) : l’innovation au service de la décarbonation et des renouvelables.
Scénario 4 (S4) : forte électrification et recours massif à la compensation.

(2) P. 467 du rapport de l’Ademe « Transitions 2050 ».

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