Stratégie
Développer le vélo dans les territoires ruraux
Le Secours catholique-Caritas France et plusieurs associations ont publié un rapport mettant en lumière le manque de solutions alternatives à la voiture dans les territoires ruraux. Celui-ci préconise aux collectivités locales des actions concrètes pour répondre aux besoins de mobilité, notamment en matière de vélo.
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Le Secours catholique-Caritas France a publié, en avril 2024, le rapport Territoires ruraux : en panne de mobilité. Réalisé en partenariat avec huit associations telles que la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), ce rapport pointe le retard pris par les territoires ruraux en matière d’infrastructures de transport et de solutions de mobilité. « L’aménagement du territoire rural s’est fait au détriment de tous les modes de transport alternatifs à la voiture, et cela pose aujourd’hui des enjeux majeurs. Quasiment une personne sur cinq n’est pas motorisée dans ces territoires et une majorité déplore le manque d’offres, y compris en termes de transport collectif », explique Thibault Quere, directeur du plaidoyer de la FUB.
Par ailleurs, les territoires ruraux concentrent de plus en plus de ménages précaires, pour lesquels le transport représente, en moyenne, 20 % des dépenses. À ce titre, la mise en œuvre de politiques d’aménagement du territoire adéquates permettrait de réduire le coût du transport pour les ménages, mais également de rééquilibrer la distribution d’emplois qualifiés et à long terme dans les zones rurales. « Pour cela, il est impératif de rendre ces territoires accessibles et pratiques, avec des services publics de transport efficaces et une offre de solutions alternatives à la voiture. C’est ce que demandent les entreprises et les salariés », assure Thibault Quere.
Le potentiel du vélo dans les campagnes
Selon le rapport, le vélo, beaucoup moins coûteux que la voiture pour les usagers, a toute sa place dans les territoires ruraux, d’autant plus que la majorité des déplacements quotidiens sont inférieurs à 10 km. Historiquement, le vélo a d’ailleurs été toujours très utilisé à la campagne, jusque dans les années 1990. « Par la suite, le partage de la voirie n’a pas permis d’assurer les conditions de sécurité nécessaires. Pourtant, il est parfaitement faisable de parcourir quelques kilomètres à vélo, par exemple pour se rendre au collège, et d’associer des transports collectifs pour aller plus loin ou suppléer le vélo si besoin, en cas de mauvaises conditions météorologiques par exemple », indique Thibault Quere.
En outre, le vélo est simple à déployer, quand la création d’une ligne de train demande des dizaines d’années. Pour les collectivités locales, il est également synonyme d’économies. « L’idée consiste à réaffecter les voiries secondaires (routes communales, etc.) via le déploiement de pistes cyclables. Cela demande des investissements, mais les collectivités peuvent ainsi répondre rapidement aux besoins de mobilité tout en évitant la création d’infrastructures plus complexes et plus coûteuses. »
Mettre en place un plan de circulation
Pour être efficace, une stratégie vélo doit toutefois calquer les usages d’un territoire et prioriser certains trajets ou destinations (écoles, gares, arrêts de bus, etc.). Afin de guider les collectivités, le rapport préconise un certain nombre d’actions spécifiques, telles que la création d’écoles et d’ateliers Mobilité vélo. Par exemple, à Athis-de-l’Orne, en Normandie, un atelier de ce type a été mis en place par l’équipe locale du Secours catholique dans un local de la mairie. Il vise à récupérer des vélos donnés par les habitants, à les réparer puis à les donner à des personnes en situation de précarité.
Parmi les actions relatives au vélo, on retrouve également l’adoption d’un plan de circulation pour lequel les conseils départementaux jouent un rôle déterminant. « Les politiques vélo doivent être réfléchies, en particulier dans les territoires les plus en retard. Or, pour réaliser le travail de planification et tracer le schéma cyclable qui répond aux usages prioritaires, l’échelon départemental est le plus adapté. Il dispose d’ingénieurs et de personnels capables de mener une stratégie adaptée, ce qui n’est pas forcément le cas des petites communes et des communautés de communes. »