Stratégie
Des rebours pour accompagner l’essor des unités de méthanisation
Les postes de rebours compriment le biométhane excédentaire issu du réseau de distribution pour le renvoyer vers le réseau de transport de GRTgaz. Zoom sur ceux installés en Seine-et-Marne.
« Traditionnellement, les flux de gaz circulent du réseau de transport national vers le réseau de distribution local, explique Yoann Gonzalez, directeur projet national biométhane chez GRTgaz lors de la visite du rebours de Mareuil-lès-Meaux, en Seine-et-Marne, le 2 octobre 2023. Le rebours est un dispositif qui permet d’inverser le sens habituel des flux lorsque la consommation des clients diminue (l’été notamment) alors que la production de gaz renouvelable reste quasi stable. Il s’agit de garantir le droit à l’injection des méthaniseurs. » Le rebours prend place sur une zone de convergence entre le réseau de transport et celui de distribution. « Nous avons eu l’autorisation de la Commission de régulation de l’énergie de construire le rebours lorsqu’une quinzaine d’unités de méthanisation sur un rayon de 30 km ont réservé des capacités d’injection », souligne Yoann Gonzalez.
Le rebours en pratique
Concrètement, le gaz circule à une pression d’environ 70 bars (haute pression) dans le réseau de transport, contre 2 à 4 bars dans le réseau de distribution (basse pression). Le rebours, équipé de compresseurs, comprime le gaz issu du réseau de distribution (que l’on peut comparer à une route communale, ici gérée par GRDF), pour le renvoyer vers le réseau de transport (l’autoroute, ici gérée par GRTgaz). Ce dernier l’achemine ensuite vers les territoires voisins pour une utilisation immédiate ou vers des stockages souterrains en vue d’une consommation future. « Les compresseurs se déclenchent quand la pression du gaz dans le réseau de distribution atteint 3,1 bars, précise Yoann Gonzalez. Entre 2 500 et 4 500 Nm3/h de biométhane sont ainsi réinjectés dans le réseau de transport. »
100 rebours en 2030
En France, il existe à ce jour 17 rebours, dont deux en Seine-et-Marne (premier département français de biométhane) : celui de Mareuil-lès-Meaux, construit en 2020 et celui de Marchémoret, en 2021. Ce dernier est le plus actif de France. « Il représente presque 70 % du total du volume de biométhane remonté sur le réseau de transport au niveau national en 2022, soit près de 100 Gwh de biométhane », explique Jérôme Gilliet, référent projet biométhane chez GRDF. Afin de répondre à la dynamique de production locale, l’arrivée d’un nouveau compresseur a permis de doubler les capacités de transit du biométhane. Désormais, 6 000 Nm3/h de biométhane pourront être valorisés, l’équivalent de la consommation de 80 000 logements neufs ou de 2 000 bus roulant au bioGNV. D’ici à 2030, l’objectif est d’atteindre une centaine de rebours en France afin d’accompagner l’essor des unités de méthanisation.