Décryptage
Des chaufferettes au bois contre le gel
Alors que les températures basses ont encore fait de nombreux dégâts en vigne et arboriculture début avril, les chaufferettes au bois, plus écologiques que celles au fioul, prennent leur place sur le marché.
« Depuis cinq ans, l’hiver étant plus doux, le phénomène de dormance des plantes est plus faible, et ces dernières sont donc davantage sensibles au gel, explique Claude Gros, inventeur de la chaufferette à granulés de bois de la société Vitichauffe. Alors que la lutte contre le gel en vigne et arboriculture était occasionnelle, elle devient récurrente pour sauver les récoltes. » Parmi les moyens de lutte, les chaufferettes au bois ont de plus en plus de succès. Elles sont moins polluantes que celles fonctionnant au fioul, alors que le prix de ce dernier augmente. Et parmi celles au bois, les chaufferettes à granulés « génèrent beaucoup moins de CO2 car le granulé est un produit concentré avec un taux d’humidité beaucoup plus faible que le bois », explique Claude Gros. Par ailleurs, des déchets de production comme les coques d’amandes, de noisettes ou les grignons d’olives (sous-produit du processus d’extraction de l’huile) peuvent aussi servir de combustibles. « La combustion aspire l’air froid ambiant du sol et le sèche, puis, dans un deuxième temps, elle permet un rayonnement de la chaleur », explique Claude Gros.
200 chaufferettes par hectare
Des essais ont été menés depuis 2016 sur parcelle avec ces chaufferettes 100 % françaises. Les derniers tests réalisés en 2020 en Champagne ont permis de valider les préconisations d’usage. « Pour une protection jusqu’à -5°C, le maillage doit être de 200 chaufferettes par hectare. Ce dernier devra atteindre 230 chaufferettes/ha pour protéger la parcelle jusqu’à -7°C, souligne le fondateur de Vitichauffe. 40 à 45 m² sont protégés par une seule chaufferette dont un modèle existe pour les vignes et un autre pour les arbres fruitiers. Pour protéger la cime des arbres les plus hauts, le recours à une tour à vent sera nécessaire afin de brasser l’air et faire monter la chaleur. »
Parmi les limites à l’utilisation des chaufferettes figure notamment le temps nécessaire à leur installation qui est plus long que pour les bougies, et qui requiert d’anticiper l’épisode de gel. Leur coût représente également un frein important. « Il faut compter 200 à 220 € par chaufferette à granulés, soit un investissement de 40 000 €/ha, mais des aides du Plan de relance peuvent être sollicitées, indique Claude Gros. Malgré l’envolée des prix des matières premières due à la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine, nous avons réussi à maintenir les même prix », précise-t-il. Il faudra aussi ajouter le coût du combustible, soit 3 € de granulés par chaufferette pour une nuit de protection, ce qui reste moins cher que le fioul. « Le calcul de la rentabilité de cet investissement dépend des secteurs et de la valorisation de la récolte, mais le retour sur investissement est de cinq à sept ans, sachant que les chaufferettes peuvent tenir sûrement plus de vingt ans ! », compte l’inventeur.
En savoir plus
Certains résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Bioresource Technology et sont accessibles en ligne. Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter le communiqué de l’Inrae.