Climatisation photovoltaïque pour les vins de Banyuls

Les caves de Banyuls remplacent leur célèbre climatisation solaire. Tout allait bien pourtant, avec l’ancienne installation à base de capteurs solaires sous vide. Installée en 1991 sur la cave de stockage du GICB¹, elle était basée sur une machine à absorption qui utilisait l’énergie thermique du soleil. Le système aurait pu durer quelques années de plus. Mais l’administration française a perturbé cette belle histoire.

Une alternative au remplacement

La réglementation ayant changé, la tour de refroidissement n’était plus aux normes. L’arrêté du 14 décembre 2013 relatif aux installations de refroidissement par dispersion d’eau dans un flux d’air, en vigueur depuis le 1^er juillet 2014, vise à limiter le risque de dissémination de légionelles via la tour. « L’une des solutions était de remplacer l’ancienne tour par une tour de refroidissement adiabatique, qui ne diffuse pas d’eau liquide dans l’air. C’était un investissement de 35 000 €. Nous avons proposé au GICB une autre solution, basée sur un dispositif photovoltaïque. Il n’a pas hésité longtemps », relate Daniel Mugnier, responsable innovations du bureau d’études Tecsol, en charge de la conception et du suivi de la précédente climatisation et de la nouvelle.

L’opération est prévue en deux temps. Un groupe Daikin à eau glacée a été mis en place en juillet 2019, pour environ 20 000 €. Relié pour l’instant au réseau, il est doté d’une carte électronique lui permettant de limiter sa puissance en fonction de la production d’électricité. « Cet été, nous réalisons un suivi des consommations électriques du groupe, afin de dimensionner l’installation photovoltaïque au mieux. On le stimule avec un automate que l’on a programmé, puis on analyse son temps de réaction. Quand le groupe sera raccordé aux panneaux solaires, on aura la capacité de piloter sa puissance en fonction de la ressource photovoltaïque à l’instant T, sans recours au réseau. De même qu’avec le système précédent, la climatisation sera réalisée au fil du soleil, sans régulation de type thermostat. De plus, les bouteilles stockent le froid », explique Daniel Mugnier.

Quel budget ?

Les besoins photovoltaïques, estimés en première approche à 20 kW, représentent un budget de l’ordre de 35 à 40 000 € supplémentaires. Tecsol et le GICB vont déposer un dossier dans le cadre de l’appel à projets Autoconsommation photovoltaïque lancé par la Région Occitanie, dont la première période de candidature s’achève le 13 septembre 2019. L’aide régionale pouvant aller jusqu’à un maximum de 30 % des dépenses éligibles, Tecsol espère que son projet sera retenu. L’investissement ne serait plus que de 25 à 28 000 €, soit une climatisation neuve à moins de 50 000 €. Le reste de l’année, les panneaux solaires alimenteront le bâtiment du GICB. « Cela représente 10 000 kWh disponibles en plus du service climatisation solaire, soit environ 1 000 € d’économies par an supplémentaires. Sur 20 ans, ce nouveau gain recouvre largement le delta entre la solution photovoltaïque et celle du remplacement de la tour », se félicite Daniel Mugnier. En cas de sélection pour l’appel à projets, les panneaux photovoltaïques seront posés début 2020. Les structures de support pour les tubes sous vide seront maintenues en place. Et les tubes seront installés sur un autre site du GICB afin de produire de l’eau chaude. Vertueux jusqu’au bout.

1. Le Groupement interproducteurs Collioure Banyuls regroupe 650 vignerons sous le nom de “Terre des templiers”.