Retour d'expérience
Cive : comment booster la production de biomasse ?
Espèces, dates de semis et de récolte, apports d’engrais… la conduite agronomique des cultures intermédiaires à vocation énergétique a été passée au peigne fin par l’institut technique Arvalis pour augmenter le rendement.
Pour optimiser le potentiel biomasse des cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), Aurélie Augis, ingénieure régionale dans le Centre-Val-de-Loire chez Arvalis, a fait un point sur les différents leviers lors du salon Innov-Agri à Outarville (Loiret), le 5 septembre. « Pour les Cive d’été, on note une seule réussite tous les trois ans à cause notamment du manque d’eau. Ce sont donc les Cive d’hiver qui se cultivent en majorité. »
En termes d’espèces, les données du projet Récital, qui a débuté en 2019 et s’est terminé en 2023, montrent que le seigle et le triticale « s’en sortent mieux en termes de production de biomasse, face à l’avoine ou à l’orge, souvent victimes du virus de la jaunisse nanisante. Par ailleurs, le potentiel de production de biomasse de l’espèce dans son contexte pédoclimatique doit primer face à son pouvoir méthanogène. » Quant au semis, plus il se fera tôt, meilleur sera le rendement. Mieux vaut donc privilégier fin septembre par rapport à début octobre.
40 à 100 kg d’azote par hectare bien valorisés
Concernant les produits phytosanitaires, les Cive ne doivent pas faire augmenter l’indice de fréquence de traitement* de l’exploitation, rappelle Aurélie Augis. Il faut donc éviter les insecticides et fongicides. En revanche, des apports de fertilisation sont possibles et toujours bien valorisés. « Les Cive valorisent bien les digestats ainsi que des apports modérés, de 40 à 100 kg, d’azote par hectare en fin d’hiver. » De même, pour favoriser la biomasse, l’idée est de récolter le plus tard possible (plutôt début mai que fin avril).
Mais attention à ne pas trop pénaliser la culture principale qui suit, notamment en termes de concurrence vis-à-vis de l’eau. « C’est aussi la rentabilité de la culture alimentaire qui suit, et notamment son niveau de prix sur le marché, qui pourra dicter le comportement à tenir. Si le prix alimentaire est bas et que celui de la Cive est stable, la récolte peut être retardée. À l’inverse, si les prix alimentaires s’annoncent hauts, il faudra privilégier cette dernière et récolter plus tôt la Cive. »
* Indicateur qui rend compte du nombre de doses de produits phytosanitaires appliquées par hectare pendant une campagne culturale.
Combien coûtent les Cive ?
Un coût de production complet, en €/tonne, est la somme des charges opérationnelles (semences, engrais, produits phytosanitaires), des charges variables (mécanisation, main-d’œuvre salariée et familiale) et des charges fixes (fermage, capitaux propres…). « Selon l’exploitation, le coût de production sera donc différent et mérite d’être calculé pour ne pas le sous-estimer et s’assurer de sa rentabilité », indique Aurélie Augis. Les pertes sur la culture suivante doivent également être estimées. Dans une rotation Cive/tournesol/blé dur en région Centre et Île-de-France, le coût de production complet d’une Cive a été calculé à 151 €/tonne de matière sèche (t MS), soit 57 €/MWh, pour un rendement de 6 t MS par hectare (ha), et de 127 €/t MS pour une cive à 8 t MS/ha, soit 46 €/MWh.