Céréaliers : pourquoi se diversifier dans l’agrivoltaïsme ?

« Avec la forte variabilité des coûts de production due à la hausse du prix des engrais et de l’énergie, la volatilité des marchés et la fréquence en hausse des aléas climatiques, se diversifier devient nécessaire pour que l’exploitation soit moins sujette au risque et à un avenir incertain », a estimé Roland Zimmermann, cofondateur de Piloter sa ferme, société qui accompagne les agriculteurs dans la commercialisation de leur récolte, lors d’une conférence organisée aux Culturales dans l’Essonne.

Pour Sylvain Mouche, directeur de l’innovation de Green Lighthouse Developpement (GLHD), « avec un projet agrivoltaïque, on peut pérenniser les exploitations notamment à travers un projet collectif par le gain de valeur ajoutée et par l’impact positif sur le territoire. Mais attention, s’il n’y a pas de projet agricole, il n’y aura pas de projet agrivoltaïque. On définit, en fonction de la situation de chaque projet, quelles sont les structures qui apportent le plus de synergie avec l’assolement envisagé. Nos projets poursuivent notamment deux objectifs : améliorer la valorisation agricole des parcelles équipées et contribuer à la pérennité de l’agriculture sur les territoires avec de nouvelles recettes pour les exploitations et les filières en place en travaillant sur le partage de la valeur. »

25 agriculteurs sur un projet de 190 ha

Sylvain Jessionesse, agriculteur dans l’Yonne et cofondateur de Piloter sa ferme, s’est installé en 2019. « Je suis installé depuis quatre ans sur 150 ha avec mon frère et un voisin, et depuis quatre ans, nous sollicitons les assurances pour des aléas climatiques. Nous devions trouver un moyen d’être moins vulnérables. » En 2020, les associés ont présenté un projet agrivoltaïque à leurs voisins agriculteurs afin de mutualiser les superficies et « d’apporter de la résilience aux exploitations grâce au revenu supplémentaire du loyer ».

Au final, 25 agriculteurs de 15 exploitations réparties sur 6 communes ont répondu présents et se sont réunis au sein de l’Association agricole des énergies des hauts-plateaux de l’Yonne. 190 hectares de faible potentiel agronomique seraient donc en partie couverts de rangées de panneaux trackers (qui suivent le soleil). Grâce aux dix mètres qui séparent les rangées, les machines agricoles pourraient toujours circuler sur les parcelles. « Nous continuerons à produire des grandes cultures comme l’orge, le blé, le colza, mais aussi la luzerne, et un éleveur de 500 moutons devrait s’installer, précise Sylvain Jessionesse. Si tout va bien le projet dont nous avons déposé le permis en décembre 2022 devrait voir le jour en 2028 au plus tard. »